Si tu lis cet article, c’est sans doute que tu es aide-soignante et tu souhaites devenir infirmière.

Le milieu des soins, tu le connais depuis parfois plusieurs années, c’est un gros atout.

Tu te questionnes sur la suite de ton parcours : Avoir des responsabilités différentes ? Evoluer dans les soins ? Quel parcours pour devenir IDE ?

Voilà tous mes conseils et le témoignage précieux d’infirmières qui sont passées par les étapes que je vais te décrire.

Si après ta lecture, tu as des questions, pose-les-moi en commentaire, je te répondrai avec plaisir.

Comment devenir IDE quand tu es AS 

Pour être infirmière, tu dois faire tes études dans un IFSI.

En fonction de ton expérience en tant qu’aide-soignante, il y a deux possibilités :

+ la formation initiale

+ La formation continue

Si tu as le baccalauréat et moins de 3 ans de pratique en tant qu’AS, tu dois déposer un dossier en passant par ParcourSup. C’est ce qu’on appelle la formation initiale.

Si tu as plus de 3 ans d’expérience, tu entres dans le cadre de la formation professionnelle continue. Tu peux remettre ton dossier directement à l’IFSI. Tu passeras alors un concours spécifique passerelle pour les AS et AP.

33% des places environ sont réservées à des professionnels entrant à l’école dans le cadre de la formation professionnelle continue. Cela inclut donc les aides-soignantes et les AP.

Stratégiquement, tu peux souhaiter attendre d’avoir les 3 ans d’expérience requis pour passer le concours passerelle.

Je n’ai pas le bac, puis-je passer le concours pour entrer à l’IFSI ?

Même sans avoir le baccalauréat, il est possible de devenir infirmière dans le cadre de la formation professionnelle continue.

Cette possibilité est encadrée par l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier qui précise que :

« Peuvent être admis en première année de formation au diplôme d’Etat d’infirmier les candidats âgés de dix-sept ans au moins au 31 décembre de l’année d’entrée en formation répondant à l’une des conditions suivantes :
1° Les candidats titulaires du baccalauréat ou de l’équivalence de ce diplôme ;
2° Les candidats relevant de la formation professionnelle continue, telle que définie par l’article L. 6311-1 du code du travail, et justifiant d’une durée minimum de trois ans de cotisation à un régime de protection sociale à la date d’inscription aux épreuves de sélection prévues aux articles 5 et 6. »

C’est-à-dire, si tu as plus de 3 ans d’expérience et donc de cotisation à un régime de sécurité sociale, tu peux te présenter au concours passerelle pour les AS et les AP, même si tu n’as pas le bac.

Comment entrer à l’IFSI si tu es AS ?

Là encore, il y a deux formules.

Pour la formation initiale via ParcourSup

Il faut déposer un dossier complet sur ParcourSup.

Ce dossier comprend :

+ Les notes de Première et de Terminale

+ les résultats dans l’enseignement post-bac si tu te réorientes dans tes études

+ les appréciations des professeurs sur la fiche Avenir

+ la qualité et la cohérence de l’ensemble du projet de formation, en particulier la lettre de motivation (très important pour se démarquer)

+ les expériences éventuelles du candidat liées au métier d’infirmière : stages, engagements, formations complémentaires, etc.

Puis, les IFSI étudient les dossiers en fonction des différents prérequis définis au niveau national.

Attention : il n’y a plus de concours d’entrée en IFSI si tu passes par ParcourSup mais la sélection sur dossier est quand même bien présente.

Les études d’infirmière sont les plus demandées sur ParcourSup.

Pour te donner un exemple, pour l’IFSI de Marseille, 8435 candidats ont fait une demande pour seulement 154 places (tu peux cliquer ici pour voir les chiffres en détail).

Il est donc très important d’avoir un « bon » dossier, de rédiger une lettre de motivation convaincante et de mettre en avant toutes tes expériences professionnelles et ton projet.

Le concours passerelle pour les AS/AP

Une fois ton dossier déposé à l’IFSI, tu auras deux épreuves de sélection :

+ Un entretien de 20 minutes pour parler de tes motivations et de ton expérience professionnelle.

+ Une épreuve écrite avec une rédaction et/ ou des questions dans le domaine sanitaire et social et une sous-épreuve de calculs simples.

Cette épreuve écrite peut être l’analyse de cas concret, le but est de tester ta capacité à rédiger des réponses, ta capacité à analyser et argumenter ainsi que la possibilité de te projeter dans ton futur métier d’infirmière.

Faire face aux défis

En tant qu’aide-soignante, entrer en IFSI est un projet merveilleux qui ouvre les portes d’un métier que j’affectionne et dont je pourrais parler longtemps.

Je ne vais pas revenir sur tous les bienfaits de ce choix ici, toi et moi en sommes convaincues.

Mais faire des études d’infirmière quand on a été aide-soignante représente aussi un certain nombre de défis qu’il faut mentionner et traiter un par un :

+ Le défi financier

Il faut trouver une solution de financement pour tes études et pallier le manque de salaire que tu ne vas pas toucher durant la formation.

Tu peux aussi envisager de travailler à coté de tes études comme Noréline dont tu vas découvrir le témoignage à la fin de cet article.

+ Le défi de l’organisation

Quand on reprend des études après avoir été professionnelle, notre situation familiale peut avoir changée (par rapport à notre statut d’étudiant post bac).

Si tu as une famille, des enfants, il faut trouver la bonne organisation pour être sereine et aller au bout de tes études.

+ Le défi intellectuel

Alors là je te rassure, cela ne concerne pas du tout que les aides-soignantes loin de là !

Plus on prend de l’âge et plus on attend, plus reprendre des études peut s’avérer un challenge au niveau des capacités de notre cerveau à apprendre, à se concentrer, à prendre des notes etc …

C’est une gymnastique à retrouver.

+ Le défi du statut : redevenir étudiant

Pareil, cela concerne tout le monde.

Quand on a déjà été professionnelles, quand on a déjà travaillé dans un service, eu des responsabilités, il est parfois difficile de revenir à un statut d’étudiant.

Cela demande une bonne dose d’humilité, de patience et de volonté.

Nos contenus pour accompagner ton évolution

Je vais te partager de nombreuses ressources, clique sur les liens pour les découvrir.

Je te présente ici l’accompagnement que nous avons créé pour les aides-soignantes :

« De ma vie d’AS à mes nouvelles ASpirations professionnelles. »

Les contenus à lire sur le blog

+ Reconversion aide-soignante : quelles sont les possibilités ?

+ Petit guide de survie pour les étudiantes infirmières

Les vidéos à regarder sur YouTube

+ L’accompagnement Charlotte K pour les aides-soignantes

+ Reconversion après aide-soignante : quelles sont les 3 premières étapes ?

+ Etudes en IFSI, ce que les formateurs ne te diront jamais

Les podcasts à écouter

+ Que faire après aide-soignante ?

Je t’invite vraiment à aller découvrir tous les autres contenus sur les différentes plateformes.

Tu peux aussi nous rejoindre sur Instagram pour une dose d’inspiration, d’actu et d’énergie au quotidien.

Témoignage de Noréline, AS devenue IDE

Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?

« Je suis Noréline, j’ai 33 ans, je suis en couple avec une petite fille de 6 ans.

J’ai tout d’abord faire un BEP carrière sanitaire et sociale.

Ensuite, j’avais le choix entre un bac ST2S à l’époque ou bien l’école d’AS.

J’ai fait ce choix car je me suis dit que le bac n’était pas pour moi et que je serais plus rapidement sur le marché du travail.

Je suis partie à l’école d’AS en 2007 et j’ai été diplômée en 2008.

Par la suite, j’ai travaillé en tant qu’aide-soignante en clinique, EHPAD ou centre hospitalier pendant 4 ou 5 ans.

En 2011, j’ai déménagé vers la région parisienne et en 2013 j’ai débuté ma reconversion d’aide-soignante à infirmière. J’ai obtenu mon diplôme en 2016. »

Pourquoi as-tu souhaité devenir IDE ?

« Tout d’abord, c’était pour moi une vocation, un rêve de petite fille.

J’avais préparé tous mes plans en me disant que comme je n’avais pas le bac, le chemin pour accéder au diplôme d’infirmière, ce devait être celui-là.

Mais vraiment j’avais tracé mon plan sur une feuille.

J’avais noté à quelle période il faudrait que je commence à réviser, à quelle période il faudrait que je me prépare pour les concours (soit en intégrant une prépa ou en me préparant toute seule).

Donc j’ai souhaité devenir infirmière parce que j’aime l’être humain tout simplement. J’aime découvrir les gens, j’aime bien soigner, réconforter.

Mais surtout dans mon parcours d’aide-soignante, j’étais arrivée à une stade où il y avait un plafond de verre au-dessus de moi. J’étais vraiment frustrée de ne pas pouvoir aller plus loin.

On sait toutes très bien qu’à un moment donné, on va vouloir suivre l’infirmière, elle va nous laisser faire des choses qu’on fait dans l’illégalité parfois d’ailleurs…

On va vouloir se tester mais on est vite rattrapé par la réalité : on n’est pas infirmière mais aide-soignante et on n’a pas forcement le droit de faire certains soins.

C’est ce qui m’a encore plus motivé.

De me dire qu’en tant qu’AS, j’avais déjà travaillé dans énormément d’endroits et que j’avais fait le tour.

Faire des soins de nursing c’était génial mais j’avais besoin de toute la partie « connaissances » qui allait autour de la prise en charge des patients. »

Comment as-tu préparé le concours ?

« J’avais fait, à l’époque dans l’hôpital où je travaillais, une demande pour intégrer une prépa. Mais c’était encore trop précoce, je n’avais pas encore les 3 ans requis.

Donc ils m’ont refusé cette prépa.

Du coup je me suis dit « pas de soucis, je vais m’acheter des bouquins » et un an avant le moment où je pouvais prétendre au concours, j’ai commencé à bucher sur mes livres, les exercices, les cas concrets, calculs de dose, les produits en croix.

Ça m’arrivait aussi de travailler de nuit donc je demandais aux infirmières de m’expliquer un peu plus les exercices pour que je puisse me préparer au maximum.

Chaque jour je me disais « tu as tant de pages à voir »  jusqu’à ce que je termine les livres que j’avais achetés.

Comment s’est passé le concours ?

« Je suis arrivée en Ile de France pendant les vacances d’été. Mon objectif, c’était d’intégrer un IFSI pour une rentrée en février.

Je ne connaissais pas trop la région à l’époque donc j’avais déposé des dossiers dans des écoles qui n’étaient vraiment pas à côté de chez moi.

Lorsque j’ai pris les transports pour pouvoir m’y rendre, rien que ça, ça m’a découragé.

Le premier concours que j’ai passé, je l’ai raté à un point.

Le deuxième concours était à l’APHP et il m’est arrivé un truc de fou : Je reçois ma convocation, j’arrive au concours dans un grand espace sur Paris. Quand j’arrive, je me rends compte que le concours a déjà commencé !!!

On s’est rendu compte qu’il y avait 5 personnes qui avaient reçu une convocation erronée avec les mauvais horaires.

Je suis rentrée chez moi, j’ai reçu une deuxième convocation pour un concours que j’ai eu.

Mais comme ils ne prévoyaient pas de liste d’attente, je n’ai pas pu entrer à l’IFSI.

Je n’ai pas abandonné.

J’ai postulé dans une autre école et j’étais vraiment confiante pour le concours car je l’avais passé déjà deux fois et j’avais bien vu que cela correspondait bien à mes livres.

Je ne me rappelle plus très bien, il n’y avait qu’un écrit à l’époque : deux cas concrets et un calcul de dose je crois.

J’étais vraiment confiante et préparée.

J’ai eu la meilleure note sur la promo des AS présentes, j’étais trop contente et fière de ne pas avoir eu besoin de prépa. »

Comment se sont passées tes études ?

« Les études, c’était pour moi l’exercice de ma vie.

Comme je ne suis pas bachelière, reprendre de vraies études, c’était pour moi prestigieux.

Au départ, je n’avais pas de financement, du coup je me suis engagée avec moi-même et avec l’école à être toujours présente et investie.

Le premier semestre était très difficile, je ne comprenais rien du tout, je prenais des notes que je ne comprenais même pas.

Je me suis dit que je devais faire plus que les autres car je partais avec un handicap !

J’ai enclenché un processus avec des fiches, des groupes de travail…

Et au fur et à mesure, j’ai eu une certaine assurance. Je posais beaucoup de questions, j’étais toujours au taquet, je validais quasiment toujours mes partiels du premier coup.

C’était beaucoup de pression, de stress je ne pouvais pas me louper car redevenir aide-soignante, pour moi, ce n’était pas envisageable.

Ce qu’il faut noter aussi c’est que par rapport à ce manque de financement, j’ai dû avoir un boulot à coté de mes études pendant 3 ans.

Au niveau des stages, vu que je savais que les gens pouvaient être mauvais avec les étudiants, je ne disais pas que j’étais AS sauf si on me posait la question.

Je me comportais comme une étudiante lambda, j’essayais d’être autonome le plus rapidement possible, surtout je ne faisais pas de remarque « oui mais je sais… » ou « oui, mais il me semble que… »

Tout ce qu’on me disait, je me comportais comme si c’était nouveau.

Parce qu’en étant déjà dans les soins et en reprenant des études pour évoluer, parfois on se met en position de sachant alors que ce n’est pas la bonne position à adopter parce qu’on peut se faire démolir par les autres. »

Quels ont été les avantages de tes connaissances d’AS ?

« Etre une aide-soignante bien aguerrie avant ça m’a beaucoup aidé car je connaissais déjà le vocabulaire, la proximité avec les patients et leur famille c’était facile pour moi.

C’était facile de savoir gérer tout le matériel, savoir quoi préparer à l’avance. En tant qu’AS je préparais les chariots, le matériel dont mes collègues IDE avaient besoin.

Cela fait gagner du temps quand on a déjà ces connaissances-là mais on n’est pas là pour montrer qu’on sait déjà trop de choses.

Pendant les stages, il n’y avait pas grand-chose qui me surprenait car je côtoyais déjà ce monde depuis très longtemps.

Au niveau des cours, cela m’a aidé à visualiser de quoi on parlait par rapport aux étudiants qui sortaient tout droit des bancs de l’école et qui ne voyaient pas du tout de quoi il s’agissait. »

Quels conseils donnerais-tu à une AS qui veut devenir IDE ?

« Je lui dirais de se poser la question : pourquoi tu veux devenir infirmière ? Quel besoin as-tu pour changer de statut ?

Le deuxième conseil que je donnerai : Prépares-toi mentalement car tu vas avoir les épaules qui vont s’élargir et tu vas avoir double responsabilité.

Je disais ça tout le temps : « Tu oublies de faire une toilette les conséquences ne sont pas énormes mais si tu oublies de faire un soin IDE, il peut y avoir de lourdes conséquences. »

Il faut bien bien réfléchir.

Prépares-toi bien, prends conscience du parcours du combattant qui t’attend.

Ce n’est pas facile mais c’est réalisable !!! »

J’espère que ces conseils te seront utiles.

Dis-moi en commentaire ce dont tu as besoin pour évoluer au mieux.

Va voir les contenus que je t’ai donné plus haut, ils t’apporteront de nombreuses astuces.

Je t’invite également à rejoindre le groupe Facebook créé pour les aides-soignantes.

Tu verras, les échanges y sont faciles, bienveillants et cela aide beaucoup de personnes.