Le parcours d’évolution professionnelle de Virginie, que tu vas découvrir, fait écho à un projet que nous avons porté pour sonder le vécu des infirmiers au travail.
En mars 2023, nous lancions avec le groupe IFOP une grande enquête sur le bien-être des infirmiers au travail. La mobilisation a été importante, nous avons eu plus de 4000 réponses, ce qui permet d’avoir des résultats vraiment représentatifs des problématiques et attentes du terrain.
Tu peux retrouver les chiffres et résultats de cette enquête sur notre site internet : enquête IFOP et Charlotte K.
Fort heureusement, cette préoccupation n’appartient pas qu’à nous, elle mobilise des organismes et des universités pour former des professionnels de tous horizons à cette problématique de la qualité de vie au travail.
Virginie est infirmière. Elle a choisi, suite à un burnout et une grande remise en question, de se former pour prendre soin des soignants.
Elle te raconte son parcours et donne des informations sur le DU santé et qualité de vie au travail proposé par l’université Rennes 2.
Raconte-nous ton parcours en toute transparence
“Infirmière depuis plus de 20 ans (23 ans), j’ai eu la chance de profiter d’expériences professionnelles riches et variées. Mon envie de début de carrière, c’était le monde des urgences. J’ai réussi à trouver un poste correspondant à mon projet professionnel.
Au bout d’un an, j’ai pu intégrer un SDIS en tant qu’infirmière sapeur-pompier volontaire. Je prenais des gardes en plus de mon activité principale.
Après un début aux urgences, réanimation et SMUR de nuit, j’ai commencé à tomber dans une routine. J’ai alors passé la certification d’IOA (infirmière d’orientation et d’accueil). »
Et ensuite ?
« Au bout de cinq ans, j’ai eu envie de faire de la pédiatrie. J’ai passé un an dans un service de pédiatrie générale et d’oncologie pédiatrique. Cette année fut difficile, car nous avons été confrontés à cinq décès. L’équipe était soudée pour passer ces épreuves.
Je suis partie dans un service de pool de remplacement dans un service de cardiologie avec USIC, pédiatrie générale et médecine générale. Cela m’a fait voyager dans trois hôpitaux qui ont aujourd’hui fusionné.
Après une pause pour congé parental, j’ai dû quitter l’hôpital pour trouver un équilibre entre ma vie familiale qui s’agrandissait (quatre enfants) et ma vie professionnelle.
J’ai alors pris un poste d’infirmière conseil chez un prestataire à domicile. J’ai complété ce temps partiel par un poste de référente technique au sein d’une micro-crèche. Comme je n’étais pas à temps plein, je faisais des vacations dans des EHPAD.
J’ai eu ensuite le besoin de me fixer, car cela perturbait mes enfants. J’ai trouvé un poste d’infirmière coordinatrice dans un foyer de vie, d’hébergement et ESAT pour des adultes en situation de handicap à 70%.
Le poste d’IDEC m’a toujours intéressée. Ayant eu une opportunité dans un EHPAD proche de chez moi, j’ai accepté ce poste à temps plein au sein d’un EHPAD autonome rattaché au centre hospitalier de secteur.
QUELLE ERREUR !!!!!!!!!
J’ai quitté un poste dans lequel j’étais bien pour finir en burnout au bout de 11 mois.
C’est aussi le début de ma nouvelle aventure !
Mon parcours professionnel est atypique. Je suis toujours infirmière sapeur-pompier volontaire : c’est ma soupape, car je m’y épanouis et me fais plaisir. Aujourd’hui, je réalise le suivi de l’état de santé des pompiers à travers des visites médicales et des entretiens infirmiers.”
Comment as-tu eu l’idée de faire un DU en santé et Qualité de vie au travail ?
“Me remettant doucement d’un burn out, j’ai fini par perdre le sens dans mon travail face aux injonctions de la direction irréalistes et une administration inhumaine qui avait une réponse toute faite quand les équipes soignantes avaient une demande : « Les filles ont choisi leur métier, donc elles ne viennent se plaindre ! ».
Je ne voulais plus cautionner ce système qui me faisait devenir maltraitante.
Mon corps m’envoyant des signaux (perte de poids, hypertension, troubles du sommeil, boule au ventre, pleurs, menaces reçues…), j’ai alors entamé ma démarche de reconversion professionnelle.
Ce qui m’a sauvé de ne pas sombrer ! Comme j’aimais toujours mon cœur de métier, j’ai alors cherché une façon de pouvoir prendre soin différemment des équipes soignantes.
Après des mois de recherches, j’hésitais entre un accompagnement individualisé des soignants (psychothérapeute) et de la formation pour donner des outils, voire des « armes » aux collègues encore sur le front, pour les aider à gérer leur stress et les conditions de travail hostiles.
Quand j’ai trouvé le DU Santé et Qualité de Vie au Travail de la faculté de Rennes 2, j’ai su que c’était cette formation.
En effet, c’était la seule qui abordait la QVT avec ces deux aspects : le négatif (comme la plupart des autres formations) et le positif. Cela m’a rappelé qu’à la base, le travail peut et doit bien se passer, même dans le monde du soin.
J’envisage ensuite de compléter ce DU par une formation de sophrologue.”
Comment t’organises-tu au quotidien pour suivre le DU ?
“Le DU SQVT de la faculté de Rennes 2 s’organise sur une année de février à décembre. Il s’agit de regroupements mensuels de deux jours. En décembre, c’est la soutenance.
Ayant le planning à l’année, je m’organise avec mon mari et mes proches pour prendre le relais pendant ma formation.”
En quoi consiste exactement tes cours ? Quel est le programme ?
“Stress au travail, burnout, Qualité de Vie au Travail (QVT), bien-être au travail, Risques Psycho Sociaux (RPS), démarche QVT, prévention des risques professionnels, document unique… Voici les différents thèmes abordés.
Ce qui est intéressant, ce sont les approches différentes faites par des intervenants d’horizons et d’expériences professionnelles variés. Colloques et visites sur site sont également au programme. Cela permet d’aborder la théorique et la pratique.
Pour s’y inscrire, il y a une sélection avec un entretien téléphonique pour intégrer un groupe de 12 stagiaires. La validation de ce DU se fait par la rédaction d’un rapport d’intervention pratique afin d’être le plus concret possible.
Le groupe est hétérogène. Nous venons de divers milieux professionnels. L’échange d’expériences est enrichissant. On se rend compte que l’on n’est pas seul à vivre un changement dans sa vie professionnelle.
Cela a été pour moi l’occasion de découvrir le monde de la « fac » et de redevenir, pendant une année, étudiante.”
Quel est ton avis sur la dissonance qu’il y a entre ces études orientées bien-être des soignants et la réalité rude du terrain en ce moment ?
“Afin de ne pas tomber dans des mesures « pansement » et cosmétiques, il faudrait s’attaquer au cœur du problème : les conditions de travail et donc l’organisation de la santé. Sans cela, cela n’aura que des effets éphémères !
Aujourd’hui, nous ne sommes qu’au stade de la prise de conscience.
Le système de gestion des établissements de santé n’est pas encore prêt à changer, surtout lorsque l’on écoute les propositions du ministre de la Santé et les directives du Président de la République.
Cela va prendre des dizaines d’années avant d’en espérer de vrais changements où enfin le système prendra soin de ses soignants.
La qualité des soins ne dépendrait-elle pas du bien-être de ces soignants ?”
Comment souhaites-tu mettre ces études à profit ?
“En attendant des changements profonds de notre système de santé, de nombreux collègues continueront de porter la blouse. Et, c’est tant mieux !
Mais, comment les aider à mieux gérer leur stress et leurs émotions ?
Je souhaite donc mettre en place des formations dédiées aux équipes soignantes pour leur donner des outils concrets à la gestion de leurs émotions afin de favoriser leur bien-être. Ce qui permettrait de pérenniser leurs postes et de limiter la fuite des soignants.”
As-tu obtenu un financement pour le DU ? si oui, comment ?
“Oui, par pôle emploi. C’est la 1ʳᵉ fois de ma vie que je suis au chômage.
Cela fait bizarre. J’ai eu de la chance d’avoir deux conseillères très réactives.
Ainsi, j’ai pu obtenir le financement total par pôle emploi, en sachant que ce DU n’est pas finançable par le CPF. Il reste à ma charge les frais de logement, de transport et des repas.”
Quelles sont les difficultés d’une évolution professionnelle selon toi, et comment les dépasser ?
“C’est une période remplie de doutes.
Le plus important pour moi, c’est de prendre son temps, pas de précipitation. Commencer à faire le point avec soi-même est primordial.
Avoir le soutien de son entourage est essentiel.
Être bien conseillée sur les différentes possibilités de formations, de passerelles… Quand on commence les recherches, on trouve de tout et à tous les prix.”
Comment gères-tu ta vie de maman et tes études en parallèle ?
“Je suis maman de quatre loulous et aussi une maman aidante. J’ai la chance de pouvoir compter sur mon mari et mes proches. Je pars sereine, car le relais est assuré.
Mes enfants sont des adolescents de 13 et 14 ans et mes deux grands sont autonomes. La gestion est donc plus facile !
Cela fait du bien de lâcher ce rythme familial. Cela permet également au papa de TOUT gérer (les trajets d’école, les activités, le suivi des devoirs, les repas…) et de se rendre compte du rythme familial. Je laisse un planning horaire, car mon mari ne les maîtrise pas ! Je remplis le frigo avant de partir en établissant des menus rapides et simples à cuisiner.”
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans des études complémentaires ?
“Prendre son temps, se faire entourer et ne rien regretter. C’est une belle aventure qui commence quand on se lance dans une démarche de reconversion professionnelle.
C’est aussi un moment fort d’introspection où l’on se recentre sur SOI, l’être le plus important de notre vie que l’on a longtemps négligé en faveur des patients.
Avoir du soutien pour ne pas se décourager et pour tenir le cap !
C’est un long chemin semé d’embûches.
Se faire accompagner pour obtenir de bons conseils. Il y a tellement de possibilités, de formations, de passerelles et de prix, que l’on s’y perd.
Quelle que soit l’issue, on en ressort grandi ! C’est le moment d’oser !
? Refaire les choses pour SOI en respectant son rythme et ses valeurs et en retrouvant le sens, n’a pas de prix. C’est un long processus qui se vit étape par étape. Il ne faut rien bousculer ni précipiter. »
Un grand merci Virginie pour ce témoignage sincère et complet.
Quelques informations pratiques sur le DU Santé et Qualité de Vie au Travail
Ce DU est proposé par le département de psychologie de l’université Rennes 2.
Son but est d’apporter aux étudiants des connaissances sur les notions de santé, stress et qualité de vie au travail en prenant en compte, comme le mentionne Virginie, les côtés positifs (épanouissement, bien-être au travail) comme les côtés négatifs (perte de sens, épuisement, etc).
C’est une formation destinée à un public qui vise la formation continue ou la reprise d’étude.
Le tarif est de 2700 euros.
Tu trouveras sur notre chaine YouTube, une vidéo qui te renseigne sur les différents modes de financement possibles.
Ce format te plait et t’inspire ?
Je t’invite à découvrir un article complet « Diplôme universitaire : quel DU après IDE ? »
+ Si tu es infirmier ou infirmière et que tu cherches à te reconvertir ou évoluer professionnellement, viens rejoindre le groupe Facebook d’IDE en quête d’évolution professionnelle et n’hésite pas à nous suivre sur les réseaux sociaux, Youtube et Instagram.
+ Si tu souhaites atteindre ta vie IDEale, viens découvrir mon accompagnement pensé par et pour des infirmières en quête d’évolution ou de reconversion professionnelle.
Je suis très intéressée par le DU SQVT, est il possible d’échanger avec Virginie pour avoir davantage d’informations?
Bonjour,
Merci beaucoup pour ton message.
Malheureusement je ne peux pas te mettre en relation avec Virginie mais j’ai une autre solution, aussi très efficace, à te proposer :
Je t’invite à poser tes questions sur le groupe Facebook Charlotte K, nous y sommes très nombreuses et des infirmières auront sans doute fait ce DU.
et si tu tapes ta recherche dans la zone prévue à cet effet, tu vas retrouver Virginie dans les commentaires.
Bienvenue dans la communauté Charlotte K et belle journée
Pascaline
Bonjour,
Quel métier peut-on exercer avec ce DU qui a l’air très intéressant ?
Infirmier santé au travail ? ou autre ?
Merci 🙂
Bonjour,
Je suis très intéressée par le DU SQVT, pourrais-je avoir le contact de Virginie pour échanger avec elle ?
Merci !