Comment devenir infirmière libérale en 2024 et réussir son installation ?
Infirmière diplômée d’État, tu as décidé de devenir infirmière libérale et cette installation soulève de nombreuses problématiques tant administratives que financières ou humaines.
Par où commencer ? Quelles sont les démarches à effectuer et auprès de quels organismes ?
Nous allons t’apporter un éclairage sur ces quelques points.
Quand est-il possible de devenir infirmière libérale ?
Pour envisager une installation comme infirmière libérale, il faut justifier d’un certain nombre d’heures travaillées en structure de soin :
– Dans les 6 ans précédant la demande, ton expérience professionnelle doit être de 24 mois soit 3200 heures au sein d’une structure de soins généraux.
– Ou bien, il te faudra justifier d’une expérience professionnelle de 6 mois (800 heures) en tant que remplaçant d’un infirmier conventionné en plus des 18 mois (2400 heures d’expériences) déjà effectués dans une structure de soins généraux.
Si tu souhaites avoir des informations complètes sur les missions et les statuts des IDEL, tu trouveras de nombreuses informations dans l’article : Qu’est-ce qu’une infirmière libérale ?
Où s’installer en tant qu’infirmière libérale en 2024 ?
Les conditions d’installation sont sectorisées. En fonction du lieu où tu souhaites t’installer, les possibilités ne sont pas les mêmes.
On compte 3 zones avec des fonctionnements différents.
1- Installation dans les zones dites “sur-dotées”
Il n’est possible de s’installer dans les zones “sur-dotées” qu’en prenant la succession d’un infirmier cessant définitivement son activité.
La demande d’installation fait alors l’objet d’un dossier de conventionnement spécifique.
La caisse d’assurance maladie tient à jour le fichier des postes qui sont disponibles.
2- Installation dans les zones intermédiaires ou très dotées à la périphérie des zones “sur-dotées”
Dans ces zones, l’activité est encadrée.
Pour s’y établir en tant qu’infirmière libérale, il faut s’engager à réaliser les deux tiers de son activité dans sa zone d’installation.
3- Dans les zones “sous-dotées”
L’installation y est fortement favorisée.
La caisse d’assurance maladie a mis en place un contrat incitatif qui permet de recevoir une aide forfaitaire annuelle et une prise en charge des cotisations à l’URSSAF. Tu peux découvrir le dispositif d’aide sur le site internet de la CPAM : Processus d’installation en libéral.
Comment réussir son installation en tant qu’infirmière libérale en 2024 ?
Tout d’abord, il convient de déterminer si l’objectif est d’acheter une patientèle ou de monter son propre cabinet d’infirmière libérale.
Les démarches effectuées auprès d’un cabinet déjà existant sont peut-être un peu moins fastidieuses.
Le point administratif, petite check list
L’installation en tant qu’infirmière libérale demande quelques démarches administratives listées ci-dessous.
Il te faudra :
– Être rattachée à un local professionnel, local adapté aux règles fixées par le Code
de la Santé Publique et le Code de Déontologie des Infirmiers (seul les infirmières
libérales qui souhaitent être conventionnées sont tenues de respecter ces règles.)
– Te positionner sur la question de la convention. Une infirmière libérale peut être
affiliée à la Convention Nationale des Infirmiers ce qui lui permet alors de proposer
un meilleur remboursement à ses patients.
– T’inscrire au Conseil de l’Ordre des Infirmiers de ton lieu de travail et avoir ta
cotisation à jour.
– L’enregistrement à l’Ordre te permettra d’obtenir dans la foulée ton numéro RPPS (Répertoire Partagé des Professionnels intervenant dans le système de santé) qui a remplacé le numéro ADELI.
– T’enregistrer à la CPAM du département d’exercice. C’est elle qui fournit la carte de
professionnel, les logiciels de télétransmission, les feuilles de soin, etc.
– Déclarer ton début d’activité libérale au centre de formalités des entreprises situé
à l’URSSAF. Cela permet de bénéficier d’une couverture sociale, d’un numéro de
SIRET et d’un régime fiscal.
– T’affilier à la CARPIMKO (caisse autonome de retraite et de prévoyance des
infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures, podologues, orthophonistes et
orthoptistes), organisme d’assurance vieillesse pour les auxiliaires médicaux.
– T’assurer à un contrat de responsabilité civile professionnelle ou RCP.
– T’équiper d’un logiciel de télétransmission et d’un lecteur de carte vitale.
– Déclarer tes fichiers patients à la CNIL.
Le point juridique
Comme il s’agit d’une activité libérale réglementée soumise au Code de la santé, le statut d’auto-entreprise est interdit.
Mais d’autres statuts sont possibles :
– Les Sociétés d’exercice en libéral ou SEL crées pour ce cas de figure, constituées
d’associés et d’un gérant et qui existent sous différentes déclinaisons.
– Les Sociétés Civiles de Moyens ou SCM qui permettent de mettre en commun les
moyens du cabinet, locaux et matériels, afin de partager les couts. Les revenus de
l’activité peuvent être partagés ou non.
– Les sociétés civiles professionnelles ou SCP qui permettent la mise en commun
de l’activité. Les associés partagent alors les moyens, la patientèle et les bénéfices
de leur société.
Le point financier
S’installer en tant qu’infirmière libérale implique des investissements et des charges qu’il faut bien mesurer.
Voici quelques exemples de charges fixes que tu pourras retrouver :
– le local et les frais de location
– l’aide d’un expert-comptable ou l’abonnement à un centre de gestion agréé
– le logiciel de gestion infirmier
– les diverses assurances notamment la RCP
– les diverses taxes, impôts et cotisations
Il faut compter également l’investissement de base de l’achat d’une patientèle ou d’un fond
de roulement pour une création de cabinet.
Si tu souhaites avoir plus d’informations sur le salaire et les charges des IDEL, je t’invite à cliquer sur le lien.
Le cumul d’activité : à quelles conditions ?
Une infirmière libérale peut tout à fait cumuler cette activité avec une autre, sous certaines conditions.
Tu trouveras des informations utiles dans l’article : Cumuler plusieurs activités en tant qu’infirmier : quelles conditions ?
Devenir infirmière libérale en 2024 : sous quel statut ?
Devenir infirmière libérale offre la possibilité d’exercer sous 3 statuts différents : IDEL titulaire, IDEL collaborateur/collaboratrice ou encore IDEL remplaçante.
Je vais décrire pour chaque option, les avantages et les inconvénients, en m’appuyant sur les dizaines de témoignages d’infirmières libérales que j’ai pu accompagner dans mon activité d’accompagnante à la reconversion pour les IDE.
Devenir infirmière associée ou titulaire
On parle d’association lorsqu’il y a plusieurs titulaires au sein du cabinet.
Pour devenir infirmière associée ou titulaire, il faut racheter une patientèle, créer cabinet ou encore récupérer un cabinet déjà existant en fonction des opportunités ou de ta région.
Les avantages du statut d’infirmière libérale associée, c’est qu’il s’agit de ton cabinet. Tu peux décider (en fonction de ta zone géographique encore une fois), si tu souhaites prendre en charge tel ou tel patient.
Tu peux décider de la politique du cabinet, plus ou moins des horaires (encore une fois à prendre avec des pincettes), car tu décides de prendre en charge tel ou tel soin.
En tant qu’infirmière libérale titulaire ou associée, tu peux revendre tes parts en partant.
On vend un cabinet entre 20 et 50% du CA (chiffre d’affaire) moyen des 3 dernières années.
Pour la revente du cabinet, cela dépend, une fois encore, si ta région est sur-dotée, sous-dotée ou intermédiaire.
Les inconvénients du statut d’infirmière libérale associée sont notamment la charge de travail physique et psychologique.
C’est ton cabinet, donc tu es soit locataire, soit propriétaire des locaux. Tu t’occupes, avec tes éventuels associés, des frais d’électricité, d’internet, du ménage du cabinet, etc… et de toute la partie administrative.
L’autre inconvénient, je dirai la partie off, en un mot : le téléphone.
Devenir infirmière collaboratrice
Une infirmière libérale collaboratrice travaille sous un contrat de collaboration avec un cabinet infirmier.
C’est un peu comme un CDI pour les salariés.
L’infirmière libérale collaboratrice n’est pas titulaire du cabinet. Donc elle n’a pas besoin d’acheter une patientèle à l’arrivée et a juste un délai de préavis pour partir du cabinet au moment où elle le souhaite.
L’IDEL collaboratrice est payée directement par les caisses (CPAM, Mutuelles).
La plupart du temps elle garde l’intégralité des honoraires et participe aux frais du cabinet mais certains cabinets fonctionnent aussi avec un système de rétrocession.
L’avantage de ce statut, c’est que l’infirmière libérale collaboratrice n’a pas besoin de racheter une patientèle à l’arrivée.
C’est idéal si tu ne sais pas si tu vas rester dans ta région, si tu n’est pas sûre de travailler longtemps en tant qu’IDEL, etc…
L’inconvénient, c’est que du coup, au moment de partir, même si tu as participé à l’acquisition d’une patientèle, tu ne revends rien en partant.
Mais en fonction des régions, la vente de patientèle ne se pratique presque plus, donc c’est également à voir en fonction de ta zone géographique.
Devenir Infirmière remplaçante
Quand on est infirmière remplaçante, on remplace une IDEL, pour une durée déterminée. On est donc lié par un contrat à l’IDEL. C’est un peu comme un CDD pour les salariés.
L’IDEL remplaçante est payée à l’acte. C’est la titulaire ou la collaboratrice qui va toucher les honoraires et va rétrocéder une partie des honoraires. (Elle va garder entre 5 et 10 % pour elle, pour payer ses charges).
Ce statut d’infirmière libérale remplaçante est très avantageux lorsque l’on souhaite commencer à mettre un pied dans le monde du libéral.
Le grand avantage du statut de remplaçante, c’est aussi que l’on peut décider de travailler quand on veut. (Toutefois cela peut varier en fonction du type de contrat, on peut être appelé à finalement travailler des weekends, etc, alors que l’on n’en a pas vraiment envie).
Donc oui, en tant qu’infirmière libérale remplaçante, on est plutôt libre mais cela dépend du contrat que l’on a.
En terme d’inconvénients, il y a d’abord cette position, un peu de « stagiaire », de « nouvelle », en fonction du temps que l‘on fait dans un cabinet.
Ce côté où l’on ne décide pas si oui on non on prend en charge tel ou tel patient, et le fait que l’on dépende un peu du bon vouloir de l’infirmière titulaire (encore une fois selon les cabinets).
Bien évidement, ce n’est pareil dans tous les cabinets, d’où l’intérêt de bien se renseigner en amont, de demander un entretien et de poser toutes ses questions à l’infirmière titulaire.
Quelles sont les démarches pour effectuer des remplacements ?
Quid des remplacements en cabinet ?
Si, pour différentes raisons, tu souhaites faire des remplacements dans un cabinet, voici quelques points à connaitre.
- Tu dois avoir effectué 2400 heures ou 18 mois de travail en tant que salariée dans une structure de soins durant les 6 années qui précèdent.
- Les inscriptions dans les divers organismes mentionnés ci-dessus restent obligatoires : CPAM, Conseil de l’Ordre pour obtenir une autorisation préfectorale de remplacement (autorisation à renouveler annuellement), ARS pour l’obtention du numéro ADELI, Centre de Formalités des entreprises car tu seras assujettie aux mêmes charges sociales, fiscales et comptables qu’une infirmière “installée” en cabinet. Pense également à l’URSSAF et la CARPIMKO.
- Tu dois souscrire à un contrat de responsabilité civile professionnelle ainsi qu’à un contrat pour ton véhicule pour profession libérale.
- Un contrat sera établi entre l’infirmière remplacée et l’infirmière remplaçante pour définir les conditions d’exercice. Une copie de ce contrat sera à transmettre au Conseil de l’Ordre.
Le petit + à savoir pour faciliter ton installation en tant qu’infirmière libérale ?
Les démarches d’installation peuvent être faites en ligne sur le site installation-idel.ameli.fr.
Les IDEL témoignent sur leur installation
Témoignage de Christelle
Peux-tu rappeler ici quel est ton statut ?
Comment t’es-tu installée en tant qu’IDEL ?
Quels conseils donnerais-tu à une IDE qui souhaite s’installer en cabinet libéral ?
Témoignage de Clémentine
Peux-tu rappeler ici quel est ton statut ?
« Je suis infirmière libérale remplaçante. »
Comment t’es-tu installée en tant qu’IDEL ?
« Je travaillais en hôpital public, mais je venais de poser une dispo pour faire de l’intérim et je voulais travailler à l’étranger.
Une ancienne collègue m’a demandé de devenir son binôme parce qu’elle ne s’entendait plus avec sa collaboratrice.
Elle n’en pouvait plus de travailler des semaines entières, donc je me suis lancée de façon hasardeuse et sans aucune connaissance des complexités du métier. »
Quels conseils donnerais-tu à une IDE qui souhaite s’installer en cabinet libéral ?
« Avant de s’installer, de travailler en tant que remplaçante pour avoir une trésorerie et compenser les éventuelles difficultés du départ (trouver sa patientèle, achat de matériel, travaux de mise aux normes du local etc..).
Toujours s’installer dans un périmètre restreint autour de son domicile pour ne pas rouler 1h avant d’avoir vu le 1er patient.
Bien choisir ses associés… J’ai vu de drôles d’histoires. On oublie totalement le projet de s’installer avec sa meilleure amie d’enfance ou sa cousine … Une copine a perdu une amitié vieille de 20 ans car elle a été très surprise de la façon de bosser de sa copine.
Toujours s’associer à quelqu’un qui a les mêmes valeurs que soi ou rester seule propriétaire et ne travailler qu’avec des collaboratrices ou remplaçantes. »
Si tu es IDEL ou que tu souhaites le devenir, surtout n’hésite pas à nous donner ton ressenti en commentaire.
Ce sujet t’a plu ?
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+ Infirmière libérale remplaçante : une solution pour éviter le burn-out ?
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+ L’exercice mixte : être IDEL et infirmière en structure de soin
+ Si tu es infirmier ou infirmière et que tu cherches à te reconvertir ou évoluer professionnellement, viens rejoindre le groupe Facebook d’IDE en quête d’évolution professionnelle et n’hésite pas à nous suivre sur les réseaux sociaux, Youtube et Instagram.
+ Si tu souhaites devenir IDEL viens découvrir mon accompagnement spécifique pensé par et pour des infirmières libérales.
Coucou Charlotte 🙂
On peut ajouter dans le point juridique au niveau du statut qu’on est pas obligé d’exercer en société.
A défaut du statut d’auto entrepreneur, il existe tout simplement le statut d’entreprise individuelle.
Par la suite, lorsque 2 ou plusieurs idels s’associent pour travailler ensemble au sein d’une même patientele, il est possible effectivement d’opter pour une SCM (via un avocat) ou encore plus simple et moins cher, une association de fait (via le comptable). Ces statuts ne servent qu’à officialiser l’association et à organiser le partage des charges.
Pour autant, ça ne changera pas le statut initial de l’infirmière libérale avec sa propre comptabilité.
Effectivement il y a les autres statuts SCP , SELARL etc…
Trouver un bon comptable pour être conseillé au mieux sur tous ces aspects !
Et enfin surtout , assurer ses arrières, son avenir et sa retraite ?