Catherine, d’infirmière à directrice d’école

 

La vie modèle notre parcours.

Les difficultés peuvent nous amener à créer des projets incroyables et à révéler des aspirations profondes en nous.

Cela a été le cas pour Catherine, infirmière devenue directrice d’une école toute particulière.

 

Elle nous offre son témoignage.

 

Raconte-nous ton parcours en toute transparence

 

« J’ai été diplômée en 2004 et j’ai commencé à travailler en service de chirurgie cardiaque. Puis j’ai fait de l’intérim pour voir le maximum de services possibles avant de me « poser ».

 

J’ai ensuite pris un poste d’infirmière en EHPAD où j’ai fait office de cadre puisqu’absente, ce qui m’a bien plu.

Mais…entre temps, j’ai trouvé mon homme, et je suis tombée enceinte. Et comme beaucoup d’infirmières, le fait d’être maman et de ne voir ma fille qu’un week-end sur deux ou que deux jours sur 4 ne paraissaient impensables !

 

Comme ma courte expérience de cadre s’était bien passée, j’ai trouvé un poste d’infirmière coordinatrice dans un service de soins à domicile. J’y ai découvert les joies du management, de la gestion de service…Mais j’étais plus disponible pour ma vie de famille et avec un poste très intéressant et challengeant malgré tout, donc très heureuse.

 

Lorsque j’ai eu mon deuxième enfant, la vie a un peu basculé pour nous puisque mon fils a eu un cancer du rein alors qu’il avait 8 mois.

 

Notre vie s’est mise en parenthèse et grâce à beaucoup de chance et d’ondes positives, il s’en est sorti.

 

Mais on ne ressort pas indemne de ces épreuves. J’ai vécu dans « son soin » pendant des années à scruter tous les pansements, toutes les perfusions, tous les traitements (toutes les erreurs aussi…) dans une logique d’« hyper contrôle » qui m’a fait tenir. Mais il a été impossible pour moi de revenir aux soins après…trop douloureux…

 

Je suis en revanche rentrée comme bénévole au Conseil d’Administration (très active) à l’Association référente du service hémto-oncologie de l’hôpital. Et j’ai beaucoup travaillé avec les oncologues. Cela a été passionnant sur plein de projets différents.

 

Mais dans le travail…ce n’était plus possible…

 

Je suis donc entrée au Conseil Départemental pour les APA (Aides aux personnes Agées dépendantes) … Beaucoup de paperasses…beaucoup d’ennui…

 

Je suis tombée enceinte de ma dernière, et ayant eu des antécédents lourds (entre mon fils et ma dernière j’ai eu deux morts fœtales à 6 mois et l’autre à 5 mois de grossesse), j’ai été alitée toute la grossesse. »

 

 

 

 

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

 

« La déprime pour une hyperactive comme moi…ou…une aubaine pour créer quelque chose et me reconvertir profondément !!

 

Un projet qui me trottait depuis quelques temps suite aux problèmes d’école de mes deux grands : « puisque j’ai 6 mois allongé…je vais CRÉER une école où les enfants pourront être heureux ! »

 

Depuis plusieurs années, nous étions convoqués par les enseignants de mes enfants parce que ma grande savait lire alors qu’elle était en GS et qu’on ne doit pas savoir lire (donc, on la poussait et ce n’était pas bien. Ce qui était totalement faux soit dit en passant, puisqu’elle a appris à lire seule!). Et mon fils avait des problèmes de comportement (faisait le clown) donc, il se faisait punir tout le temps (Petite section).

 

Notre pédiatre (avec qui, forcément nous sommes assez proches depuis le cancer de mon fils) nous avait toujours dit que nos enfants étaient Haut Potentiel (elle est spécialisée dans les troubles des apprentissages). Elle nous avait conseillés de les faire tester pour trouver des solutions avec les enseignants.

 

Après les tests passés et l’effectivité, nous avons eu encore plus de problèmes.

Nous étions bien catalogués « parents pénibles ». Et de mon côté, je ne comprenais pas en quoi c’était un problème que ma fille sache lire et que mon fils soit passionné de dinosaures !

BREF…l’idée de ma reconversion est née grâce à mes deux grands, et la faisabilité, grâce à ma dernière choupette ! C’est ce qu’on appelle un projet familial 🙂

 

Après la naissance de Clémentine, ma dernière donc, je suis retournée au Conseil Départemental à temps partiel pour me permettre de continuer à créer l’école tout en ayant un salaire minimum. »

 

 

 

Comment s’est passé le départ de ton précédent job ?

 

« J’ai demandé une disponibilité de la fonction publique, puis, en septembre 2016, j’ai ouvert l’école Arborescences 31.

 

Mon (très petit) salaire était pris en charge par l’association (de l’école) et celui d’une enseignante également, ce qui m’a permis de démarrer sans trop de stress (du moins de ce côté-là !!!). »

 

 

Comment ont réagi tes proches ?

 

« Ma famille a été extrêmement présente dans ce virage à 180°. Mon mari a été mon socle protecteur et en même temps mon essence pour démarrer ou ne pas baisser les bras quand je n’en pouvais plus.

Mes enfants sont mes premiers fans. Ils refusent que j’arrête même si pourtant, je n’ai pas toujours été finalement très disponible…Mais ils sont fiers et reconnaissants.

Mes sœurs ont eu du mal à accepter l’idée en revanche…issue d’une famille de l’éducation nationale…Elles ont fait « gloups » pendant un certain nombre d’années…Même si aujourd’hui elles comprennent ma démarche. »

 

Quelles formations as-tu réalisées en plus ?

 

« En terme de formation, j’ai été 2 ou 3 fois en stage au sein de l’école Arborescences à Paris puisque je souhaitais vraiment travailler avec la fondatrice avec qui je partageais beaucoup de valeurs.

Créer un réseau d’écoles, c’était génial. Créer des écoles et une pédagogie à part, pour que les enfants s’épanouissent VRAIMENT à l’école, c’était encore plus génial.

TOUT me passionnait dans ce projet ! »

 

En quoi consiste ton activité aujourd’hui ?

 

« Aujourd’hui, je suis donc directrice de cette école que j’ai créée en 2016.

J’ai recruté toute l’équipe et je continue de le faire d’ailleurs. Je travaille en co-construction avec les équipes pour créer des projets éducatifs, des cycles qui passionnent les enfants et qui les amènent toujours plus loin.

Je n’ai pas eu besoin de formation particulière puisque j’ai inventé mon métier comme je le souhaitais. Et en ce qui concerne les contenus pédagogiques, je les ai appris en les lisant tout simplement et en m’appuyant sur les autres membres de l’équipe !

 

J’ai ajouté ma touche personnelle un peu partout, de «soins relationnels » qui, de mon point de vue, manquent cruellement dans l’éducation nationale.

 

Je pense que le métier d’infirmière donne une base merveilleuse pour PLEIN de métiers…

 

Petit à petit dans ce superbe laboratoire qu’est mon école, j’ai créé, inventé des outils, des concepts, des méthodes avec les enfants pour leur bien-être (gestion des émotions, gestions des relations, gestion des conflits, etc…)

J’ai également écrit une méthode d’apprentissage de la lecture car je ne trouvais pas mon bonheur dans ce qui existait… BREF, je me réalise depuis…Et maintenant je continue en écrivant des livres à destinations des enfants et des familles.

Petit à petit mon travail évolue…Je suis amenée à suivre de plus en plus de familles, de parents pour les aider à construire ou reconstruire du lien, du sens, … »

 

 

 

Quels sont tes projets, tes rêves ? 

 

« Mes rêves ?

J’en ai toujours tellement…Continuer encore et encore et voir là où les vents me mènent…J’ai tellement de projets dans ma tête ! »

 

 

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?

 

« Je pense que la vraie difficulté est avant tout financière, du moins, ça a été mon cas.

L’idéal étant de trouver des formations rémunérées par Pole emploi ou par son employeur et passer quelques temps de transition entre les deux boulots même si ce n’est pas toujours évident.

De mon côté, j’ai la chance d’avoir envie de plein de choses. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Je trouve beaucoup de personnes qui me disent « je veux changer mais je ne sais pas quoi faire ».

Accompagner les personnes dans un bilan de compétences approfondi est un bon démarrage ! »

 

 

Comment as-tu géré ta vie de maman et ta reconversion en parallèle ? 

 

« Comme je l’ai raconté dans mon parcours, je le pense sincèrement : quand une maman est heureuse, les enfants le sont aussi !

C’est une phrase que je dis à tous les parents (ça va pour le papa aussi 🙂 ).

Les enfants n’ont pas besoin de parents 24h/24 disponible pour eux…Ils ont besoin de parents ÉPANOUIS !! Donc, un conseil que je donne à la fin de tous mes livres : « soyez heureux ! »

 

Tes conseils

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans une reconversion mais n’a pas encore osé franchir le pas ?

 

« Le même ! Soyez heureux et pour ça…passez à l’ACTION !

Dans la vie, on a deux solutions quand quelque chose ne va pas :

– soit on se plaint et on continue comme ça…on se lamente…et rien ne change…

– soit on se plaint (parce que c’est normal quand même quand ça ne va pas!). On se remet en question. On cherche des solutions et on passe à l’ACTION pour ne pas se lamenter, et tout change !

 

C’est angoissant…J’avoue que le fait d’être entourée m’a énormément aidé et si je ne l’avais pas été autant, peut-être que je n’aurais pas tout fait d’un coup !

Essayer de mettre des étapes avant de tout changer est peut-être une bonne solution, même si de toutes façons, chaque reconversion est au cas par cas, selon chaque situation.

Dans tous les cas…oser est une vraie source de bonheur (même si ce n’est pas tous les jours facile) ! »

 

Où trouver Catherine ?

 

Tu peux retrouver Catherine sur son site internet www.chezcath.fr, sur Facebook www.facebook.com/CatherineVies/ et sur Instagram @catherine_vies_duffau

Elle est également l’auteure des livres suivants :

+ « Je suis un zèbre, et alors ? » aux éditions De Boeck Supérieur

+ « Je suis (hyper)sensible et alors? » aux éditions De Boeck Supérieur

+ « J’ai des troubles dys et alors? » aux éditions De Boeck Supérieur

+ « Le Pays Lecture, méthode d’apprentissage ludique de la lecture » aux éditions Sésames

+ A paraitre en 2023 : « Je suis hyperactif et alors? » et la suite du pays lecture en petit album : l’orchestre des voyelles

 

 

Ce format te plait et t’inspire ? Tu peux retrouver le témoignage d’Ambre, d’infirmière à Travel Planner.

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