D’infirmière diplômée d’Etat à infirmière hygiéniste
Très sollicitées dans les établissements de santé dans la mise en place de protocole et la formation du personnel, particulièrement en cette période, les infirmières hygiénistes ont un travail souvent méconnu mais pourtant indispensable.
Levons le voile sur la formation et le travail des infirmières hygiénistes.
Comment devenir infirmière hygiéniste ? Quel est leur champ de compétences et quelles sont leurs taches au quotidien ? Quid du salaire et des possibilités d’évolutions ?
Autant de questions que nous allons décrypter dans cet article.
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Qu’est-ce qu’une infirmière hygiéniste ?
L’infirmière hygiéniste est une professionnelle de santé qui, en plus de son diplôme d’infirmière, a un savoir et des compétences dans le domaine de l’hygiène et de la prévention du risque infectieux.
Son rôle est indispensable et transversal au sein des établissements de santé car l’infirmière hygiéniste travaille en collaboration avec tous les services et est amenée à rencontrer tous les membres des équipes.
En fonction de la taille de l’établissement, l’infirmière hygiéniste peut travailler seule dans sa spécialité ou en équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière avec un médecin hygiéniste, un pharmacien, le laboratoire etc. Nous le verrons à la fin de cet article, il est également possible de devenir consultante à son compte auprès d’établissements de soins et cheffe d’entreprise.
Quel est le champ de compétence d’une infirmière hygiéniste et ses taches au quotidien ?
Les domaines de compétences de l’infirmière hygiéniste sont très variés :
- Expertise et conseil : définition de la politique en matière d’hygiène et de prévention de son établissement
- Vérification des procédures existantes, création des protocoles infectieux, des procédures de sécurité.
- Vérification dans les services du respect des bonnes pratiques, de la bonne utilisation du matériel, des désinfections, des circuits des déchets et du linge.
- Définition et commandes des produits adaptés pour les soins et l’entretien
- Lutte contre les maladies nosocomiales
- Action de formation et de sensibilisation de tous les membres du personnel pour diffuser les recommandations et protocoles mis en place
- Recherche et investigation en cas d’épidémie
- Intervention dans les instituts de formation en soins infirmiers sur le thème de l’hygiène et de la prise en charge du risque infectieux.
Quel est le salaire d’une infirmière hygiéniste ?
Infirmière hygiéniste n’étant pas une spécialisation telle que puéricultrice, infirmière de bloc opératoire ou infirmière anesthésiste, la grille salariale est la même que celle des infirmiers diplômés d’Etat.
Quelle formation suivre pour devenir infirmière hygiéniste ?
Il faut au préalable avoir obtenu le diplôme d’infirmier diplômé d’Etat puis effectuer une spécialisation.
Il est possible de suivre une formation interne à l’hôpital en faisant une demande auprès du cadre de santé dans le but d’obtenir une première expertise pour être référent de son service.
Il est possible également d’effectuer un DIU pour obtenir un diplôme.
Point sur le DIU « hygiène hospitalière et prévention des infections associées au soin »
Le DUPIAS s’obtient à l’université. L’admission s’effectue sur dossier avec CV, lettre de motivation et justificatif du diplôme d’IDE. Certaines universités demandent 3 années d’expérience professionnelle.
La formation dure 100 heures, à un rythme adapté aux personnes en activité par exemple 2 jours tous les quinze jours. Le projet de DU demande une adaptation de l’organisation de chacun.
L’objectif est de connaître les bases médicales et de prévention des infections liées à un soin invasif ou à l’environnement hospitalier, connaître les méthodologies de la surveillance, du signalement et de l’investigation des infections nosocomiales et connaître la réglementation et les bases organisationnelles relatives à la prévention de ces infections dans les établissements de santé.
Programme du DU à Paris :
Module 1 : 14 heures
- Organisation de la lutte contre l’infection
Module 2 : 14 heures
- Microbiologie des infections nosocomiales
Module 3 : 21 heures
- Aspects cliniques et épidémiologiques
Module 4 : 28 heures
- Stérilisation – Antisepsie – désinfection – Environnement
Module 5 : 14 heures
- Pratiques hospitalières
Inter module : 14 heures
- Étude de cas
Ce diplôme universitaire est sanctionné par un examen des connaissances.
Le cout varie de 1050 euros à 3000 euros en fonction des universités. Le DU peut être financé par votre employeur.
Témoignage de Maygane, infirmière hygiéniste et consultante
Petite présentation et présentation de ton dernier post
Alors je m’appelle Maygane, j’ai 32 ans. Je suis infirmière depuis 2009 et hygiéniste depuis 2016.
J’ai une petite fille de 4 ans et je bosse maintenant à mon compte en tant que consultante depuis 2018.
J’ai commencé par des postes d’infirmière dans plein de services différents (urgences, réa Hemato, soins palliatifs, chirurgie) mais rien qui ne m’ait donné envie de rester en place, j’avais besoin de découvrir les multiples opportunités qu’offre notre métier.
Et puis en 2012 j’ai pris un poste de coordinatrice de soins dans une petite clinique en collaboration étroite avec une DSI (Directrice des Soins Infirmiers) extraordinaire qui m’a formée un peu à la dure au départ et qui a fini par me prendre sous son aile.
Comme elle voyait que j’étais motivée et déterminée à évoluer, elle m’a proposé de passer le DU d’hygiène et j’ai accepté (même si franchement l’hygiène n’était absolument pas ma vocation première).
J’étais enceinte et je bossais à temps plein mais je m’y suis inscrite car j’étais déjà là Référente Hygiène de l’établissement.
Je ne peux pas dire que j’ai aimé le DU car se remettre en mode étudiante quand on travaille depuis des années ce n’est pas évident. J’ai plutôt un beau parcours scolaire puisque bac S avec une année d’avance mais les études ce n’est tout de même pas ce que je préfère et puis le DU de paris Descartes présente un taux de réussite d’environ 40% mais j’y suis allée, je n’avais rien à perdre. Et finalement j’obtiens mon DU en juin 2016 juste avant la naissance de ma fille.
J’ai ensuite quitté mon poste et puis j’ai pris un poste à mi-temps d’hygiéniste pour m’occuper de ma fille. Et de fil en aiguille j’ai rencontré ma collaboratrice Séverine et on a commencé à bosser ensemble en Consulting.
Maintenant je travaille dans 6 cliniques ce qui est un énorme challenge car je gère la totalité du processus risque infectieux dans mes cliniques en étant là 2 à 4 jours par mois en m’appuyant sur les équipes internes mais en totale autonomie.
Quelles ont-été tes motivations pour faire un complément de formation ?
Au départ aucune. On m’a fortement incité car visiblement on avait décelé le potentiel.
À l’école les cours d’hygiène sont minimes et je voyais plus cela comme une contrainte. D’autant qu’à l’époque je ne connaissais pas le métier car il n’y en avait pas dans mes établissements et puis les cours étaient un peu lourds mais j’ai vite compris que cette spécialité qui était perçue comme particulièrement contraignante par les soignants pouvait avoir un réel intérêt et qu’il fallait juste la dépoussiérer.
Quels souvenirs as-tu des études par la suite ?
Comment t’y étais-tu préparé ? y-a-t-il eu une sélection à l’entrée ?
S’il faut être honnête être enfermée 3 jours de suite de 8h à 18h pour une infirmière, c’est compliqué !
Le DU est dense avec beaucoup de droit, de microbiologie, beaucoup de théorie et pas du tout de terrain. Mais finalement après ça j’étais contente de l’avoir fait (et un peu de fierté car j’étais la seule à l’avoir réussi à la clinique)
Quel a été ton parcours après cette spécialisation ?
Après j’ai donc pris mon congé maternité et à la suite j’ai pris un poste d’hygiéniste dédié. Je ne faisais plus que de l’hygiène dans une clinique privée.
J’ai pris la suite d’une hygiéniste qui était là depuis des années, ça m’a beaucoup aidé à me structurer. Je suis restée un an et j’ai commencé en parallèle à dispenser des formations avec ma collaboratrice Séverine, directrice de Sante2d.
Et j’ai fini par me lancer à mon compte à 100% (une partie en collaboration avec Sante2d et une partie à mon propre nom). C’est hyper épanouissant de pouvoir gérer son temps, travailler pour soi, toujours dans un objectif pédagogique avec en finalité le patient évidemment !
Des conseils pour les infirmiers qui souhaiteraient se lancer ?
Ne pas hésiter ! Se former et mettre à jour ses connaissances c’est super enrichissant.
Ce n’est jamais simple et c’est un challenge quotidien mais c’est aussi une fonction (dans le privé) pivot qui a pris toute son emploie avec la crise sanitaire.
On a été très sollicitées et la totalité du corps médical et de direction s’est reposé sur nos connaissances et compétences. Mais il faut un vrai investissement pour renouveler ses connaissances car les recommandations et pratiques changent tout le temps donc le soir on bouquine, on échange et on apprend !
Témoignage de Séverine, infirmière hygiéniste et cheffe d’entreprise chez Santé2D
Petite présentation et présentation de votre dernier post
Séverine, 46 ans, en couple et maman d’un merveilleux adolescent de 18 ans, je suis aujourd’hui cheffe d’entreprise dans le domaine de la formation et de l’accompagnement des établissements et professions de santé dans la gestion des risques et la RSE.
Je suis également présidente du CJD, un réseau de dirigeants et chef d’entreprise et j’ai un goût particulier pour le challenge.
De formation infirmière, j’ai tout d’abord occupé des postes en centre de détention, en chirurgie, puis en entreprise en qualité de coordinatrice d’hospitalisation à domicile. Ce poste m’a permis de prendre des fonctions d’encadrement et de responsables d’agence.
C’est là que j’ai fait mon premier DU plaies et cicatrisations afin de développer une activité au sein de la société.
En changeant d’entreprise, j’ai rencontré la difficulté de ne pas avoir de diplôme de management pour prendre la responsabilité d’une agence plus importante malgré l’expérience.
J’ai alors débuté un MBA en part time sur 2 ans qui m’a permis d’accéder à un job de clinical consultant dans une multinationale américaine et de travailler avec l’Europe pour développer un antiseptique sur tout le territoire français en collaboration avec les US, l’Angleterre, Dubaï, l’Allemagne et l’Italie.
C’est ce MBA, représentatif aux US qui m’a permis d’intégrer cette fonction et un poste de chef de projet en Suisse m’a alors été proposé.
Je refuse pour des raisons personnelles et rencontre alors une personne qui intervient sur quelques cliniques à Paris en qualité de consultante maitrise du risque infectieux et part en retraite.
Je lui propose alors de reprendre sa petite clientèle et décide de passer le DU gestion des risques infectieux afin de légitimiser mon poste, ce qui est indispensable pour intervenir dans les cliniques.
Quelles ont-été vos motivations pour faire un complément de formation ?
Mes motivations ont été le besoin indispensable de ce DU gestion des risques infectieux pour reprendre la clientèle et intervenir dans les cliniques car j’ai débuté seule avant d’avoir des collaborateurs.
Mes expériences passées de formation continue m’ont aussi montrée que j’étais capable et que cela me plaisait.
Quels souvenirs avez-vous des études par la suite ?
Comment vous y êtes-vous préparé ? y a-t-il eu une sélection à l’entrée ?
Les études ont toujours été pour moi source de grand apprentissage mais également de stress dû aux examens.
J’ai la chance d’avoir une famille proche qui m’a suppléé pour mon fils, je me suis laissée du temps dans mon job pour intégrer des études avec mon employeur pour les 2 premières fois et organisé ma reprise d’activité la 3°fois.
Un des points importants est que je n’ai jamais eu peur d’investir du temps et de l’argent pour accomplir mes souhaits.
Votre parcours après cette spécialisation ?
Suite à l’acquisition du DU gestion des risques infectieux, mon activité prend de l’ampleur et je suis reconnue comme experte dans mon domaine des instances et des établissements, cela me permet de m’entourer de collaborateurs eux-mêmes diplômés de ce DU.
Pour certains j’ai dû les motiver à sortir de leur établissement pout nous rejoindre, pour d’autres leur démarche fût volontaire.
Je me suis alors inscrite au CJD afin de palier à la solitude du dirigeant et le pilier FORMATION est 1 des plus importants au CJD, j’effectue 3 forums formation par an et de multiples autres. Celles-ci sont basées sur le développement de l’entreprise mais également personnel.
J’ai également pris le poste de RFR (Référent Formation Région) au CJD afin de promouvoir la formation au sein du CJD et l’organiser.
Comme vous le voyez, je reconnais un réel bénéfice à la formation et le recommande vivement.
J’ai aujourd’hui une entreprise qui fonctionne bien, qui croit et au sein de laquelle mes collaborateurs et moi-même nous faisons plaisir tout en gagnant bien notre vie.
Des conseils pour les infirmiers qui souhaiteraient se lancer ?
Les opportunités sont grandes pour nous infirmières, tant dans les spécialités liées à notre fonction dans les milieux hospitaliers, le domicile, que dans les entreprises privées, dans l’industrie pharmaceutique et des tas de fonctions dont on ne soupçonne pas même l’existence. On peut créer notre voie, notre activité, il faut dépasser ses peurs et sortir de sa zone de confort.
Nous avons la chance d’avoir une formation technique mais également qui porte sur l’analyse, l’observation, l’écoute, la déduction, la prise de décision et toutes ses connaissances et compétences sont des atouts pour entreprendre et réussir.
Si tu es infirmier, infirmière et que tu cherches à te reconvertir ou évoluer professionnellement, viens rejoindre le groupe Facebook d’IDE en quête d’évolution professionnelle !
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