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D’infirmière DE à infirmière anesthésiste IADE

Le 23 Octobre 2022

Auteur : Pascaline   Éditeur : Charlotte K

D’infirmière DE à infirmière anesthésiste IADE

Si tu te poses des questions sur les évolutions ou les reconversions possibles après IDE, viens rejoindre la communauté d’IDE en quête d’évolution professionnelle !

Si certains services tels que le bloc opératoire, la salle de réveil, les SMUR et autres services d’urgence et très techniques te plaisent, tu pourrais être tenté par la spécialisation d’Infirmier anesthésiste diplômé d’État ou IADE

Nous allons aborder, dans cet article, le champ de compétence, les attributions d’une telle spécialité, la question de la rémunération ainsi que les études dans le détail pour t’apporter un maximum d’informations.

 

Qu’est-ce qu’un (e) infirmier (e) anesthésiste ?

 

“L’infirmier(e)-anesthésiste diplômé(e) d’état est un(e) infirmier(e) praticien (ne), clinicien(ne) responsable, réflexif et autonome possédant une expertise spécialisée dans les domaines de l’Anesthésie, de la Réanimation, de l’Urgence et de la Prise en charge de la douleur.” (Source Syndicat National des Infirmiers Anesthésistes)

 

L’infirmier anesthésiste ou IADE est un infirmier spécialisé dans les domaines de l’anesthésie, de la réanimation et des services d’urgence. Il peut donc travailler en clinique, ou à l’hôpital, au bloc opératoire, salle de réveil, unité spécialisée dans la prise en charge de la douleur et unités de services d’urgence comme des SMUR ou des unités de convoyage sanitaire.

 

En France, il y a 10300 infirmiers anesthésistes dont 70 % de femmes (source SNIA).

 

Quel est le champ de compétence de l’infirmier (e) anesthésiste ?

 

L’IADE exerce au sein d’une équipe pluridisciplinaire, mais en grande collaboration avec le médecin anesthésiste-réanimateur et est chargé de la prise en charge des patients pendant et à l’issue immédiate d’une intervention chirurgicale. Il agit principalement, au bloc opératoire, sur la mise en place et la surveillance de l’anesthésie et en salle de réveil dans le suivi post-opératoire immédiat.

 

Au sein des services d’urgence, l’infirmier anesthésiste intervient en équipe sur des situations très variées. L’IADE met ses compétences spécifiques au service de situations techniques comme des réanimations ou la mise en pratique de protocoles de prise en charge de la douleur.

 

Quel que soit son service, l’infirmier anesthésiste, comme l’IDE, est également chargé des vérifications de matériel et de pharmacie.

 

Les infirmiers anesthésistes diplômés d’État sont inscrits à l’Ordre National des Infirmiers. Le texte de loi encadrant la profession est le décret  n° 2017-316 du 10 mars 2017 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence des infirmiers anesthésistes diplômés d’État.

 

Quel est le salaire d’un infirmier anesthésiste ?

 

Le salaire net moyen d’un IADE est de 2340 euros par mois. La rémunération d’un infirmier anesthésiste s’échelonne de 1650 euros en début de carrière à 3500 euros dans le secteur public. Ajoutez à cela des primes mensuelles en fonction des gardes effectuées.

 

Quelles sont les qualités requises pour devenir IADE ?

 

 L’infirmier anesthésiste doit faire preuve de :

 

  • Une bonne gestion du stress et de la fatigue
  • Rigueur
  • De bonnes capacités d’adaptation et d’organisation
  • Gout pour le travail d’équipe
  • De qualités d’écoute et relationnelles propre à tout professionnel de santé
  • Persévérance dans la reprise des études 

 

Comment devenir infirmier anesthésiste ? 

 

L’école d’infirmier anesthésiste est accessible aux infirmiers diplômés d’État, aux puéricultrices, aux IBODE ou infirmiers de bloc opératoire et aux sages-femmes. La formation dure deux ans et est sanctionnée par le DEAI, Diplôme d’État d’Infirmier Anesthésiste et la validation d’un grade Master.

 

Certaines écoles intègrent un Diplôme Universitaire “Prise en charge de la douleur” à leur formation.

 

Le concours

 

Le concours d’entrée est accessible aux professionnels mentionnés ci-dessus ayant au moins deux ans de pratique professionnelle à temps plein.

Il comprend une épreuve d’admissibilité écrite et un oral d’admission.

 

L’épreuve d’admissibilité permet de tester les connaissances professionnelles et scientifiques des candidats en tant qu’infirmier diplômé d’État. Elle dure deux heures, comporte 10 questions à choix multiple ou QCM, 10 questions à réponse courte et l’analyse d’un cas clinique.

Pour être admissible, le candidat doit obtenir une note supérieure ou égale à la moyenne. 

 

L’épreuve d’admission est un exposé oral suivi d’une discussion avec le jury qui évalue le raisonnement du candidat face à une situation donnée et lui permet d’exposer son projet professionnel.

 

Quels sont les prérequis pour passer le concours d’entrée à l’école d’IADE ?

 

Les questions de l’épreuve d’admissibilité portent sur les connaissances acquises en école d’IDE, les notions d’anatomie et les grandes fonctions, les notions de pathologie, de santé publique, de pharmacologie et sur les textes et décrets qui encadrent la profession d’infirmier diplômé d’État. 

 

Certaines écoles proposent des formations pour préparer le concours comme par exemple au CHU d’Amiens avec une préparation sur six jours.

Il est également possible de préparer les épreuves du concours par soi-même avec des annales.

 

L’école et le contenu des études pour devenir infirmier anesthésiste

 

La formation dure 24 mois avec 25 jours de congé annuel. 

Elle est répartie en 7 domaines :

 

  • Sciences humaines, sociales et droit
  • Sciences physiques, biologiques et médicales
  • Fondamentaux de l’anesthésie, réanimation et urgence
  • Exercice du métier d’IADE dans des domaines spécifiques
  • Etudes et recherche en santé
  • Intégration des savoirs de l’IADE
  • Mémoire professionnel.

 

Les études comprennent des enseignements théoriques, pratiques et des stages :910 heures d’enseignement théorique, 350 heures de travail personnel dirigé, 58 semaines de stage et un travail d’intérêt personnel à présenter en fin de deuxième année.

 

L’étudiant doit aborder ces 8 disciplines obligatoires :

 

  • Anesthésie-réanimation en chirurgie viscérale
  • Anesthésie-réanimation en chirurgie céphalique tête et cou
  • Anesthésie-réanimation en chirurgie orthopédique ou traumatologique
  • Anesthésie-réanimation obstétricale
  • Anesthésie-réanimation pédiatrique
  • Prise en charge en préhospitalier (SMUR, urgence…)
  • Prise en charge de la douleur
  • Stage au sein d’une équipe de recherche

 

Quel est le coût de la formation de l’école des infirmiers anesthésistes ?

 

Voilà quelques exemples de frais de scolarité. Ces frais sont ceux qui s’appliquent lorsque l’étudiant ne bénéficie pas de financement. 

 

  •  Exemple à l’IFITS, centre de formation en région Ile-de-France pour l’année 2021/2022 : 9438 euros par an.
  • École du CHU de Clermont-Ferrand : 7000 euros par an
  • École de Lille : 8422 euros par an

 

Il est possible de déposer une demande de financement auprès de son établissement hospitalier et de divers organismes (ANFH, FONGECIF, UNIFORMATION, FAF TT, PROMOFAF, …).

 

La liste des établissements et les dates d’inscription au concours sont disponibles sur le site prepaconcoursiade.com

 

Un site internet de référence pour les Infirmiers Anesthésistes

 

Vous trouverez une foule d’informations sur tous les sujets évoqués plus haut sur le site internet du Syndicat National des Infirmiers Anesthésistes

 

Témoignage de Pierre, portrait d’un IADE

 

Bonjour, peux-tu te présenter et présenter ton dernier poste ?

 

Je m’appelle Pierre, j’ai 36 ans. J’ai obtenu mon diplôme d’IDE en 2010 à l’école de Dreux. 

 

J’ai exercé durant 6 ans, essentiellement en réanimation chirurgie cardiaque et vasculaire, mais aussi en réanimation polyvalente à Paris et en Ile de France.

 

J’ai également monté mon propre cabinet d’infirmier libéral en Dordogne pendant 2 ans.

 

 Quelles ont-été tes motivations pour passer le concours d’entrée en école d’IADE ?

 

Après 7 années à exercer comme IDE, je me suis autofinancé un DU en soins infirmiers en réanimation et urgences vitales à l’université Pierre et Marie Curie de Paris. Les personnes qui suivaient ce DU avec moi envisageaient de tenter le concours d’entrée à l’école d’IADE. 

 

J’avoue qu’à cette période je ne savais pas réellement si je souhaitais m’engager dans cette voie. J’aimais énormément le service dans lequel je travaillais (réa CCV de l’hôpital Européen Georges Pompidou à Paris). Je me suis inscrit au concours pour jauger mes connaissances, et je l’ai obtenu. Quelle surprise mais aussi quelle fierté car ce concours est difficile. Il impose de très bonnes bases en tant qu’infirmier. 

 

Je suis entré à l’école des infirmiers anesthésistes de l’APHP en octobre 2018.

 

Mon dernier poste en tant qu’infirmier était en réa CCV (réanimation chirurgie cardiaque et vasculaire) à l’HEGP à Paris.

J’étais fier de travailler dans ce service et dans cet hôpital. 

Ce service permet à tous les soignants de se construire une solide expérience professionnelle. On y accueille tous les patients ayant des défaillances cardiaques graves et qui doivent subir des chirurgies à cœur ouvert (pontages coronariens, changement de valves cardiaques, dissection aortique…) mais également ceux qui sont en attente de greffe cardiaque et porteur de toutes assistances cardiaques telle que l’ECMO, les Heartmate… 

 

Nous travaillons également avec les patients ayant des pathologies cardiaques congénitales, des patients souffrants de mucoviscidose en attente de greffe pulmonaire.

On prend également en charges les enfants de « La Chaine de l’Espoir ». Ce sont des enfants africains ayant une pathologie cardiaque et qui ne peuvent pas être opérés dans leur pays.

Bref un service de réanimation de pointe avec des pathologies lourdes à prendre en charge avec tous les soins que cela implique (dialyse, assistance respiratoire, plasmaphérèse). 

 

Ce service m’a permis d’affiner mon expertise dans les soins de réanimation et d’urgences mais également sur le côté relationnel avec les patients et les familles et le travail en équipe pluridisciplinaire.

 

 Quels souvenirs as-tu du concours et des études par la suite ? Comment t’y étais-tu préparé ?

 

Le souvenir que j’ai lorsque j’ai passé le concours d’entrée pour l’école d’IADE c’est la salle remplie de candidat pour l’écrit. Nous étions un peu plus de 500 à se présenter pour 80 places. Je me demandais si je ferai partie des meilleurs…

 

Je me souviens également du discours de la directrice de cette école nous encourageant pour l’épreuve.

Bien sûr, le meilleur souvenir c’est lorsque j’ai reçu les résultats me disant que j’étais retenu !!

 

Pour le concours, je conseille aux futurs candidats de passer dans des services de pointes tels que la salle de réveil d’un gros centre hospitalier ou un service de réanimation.

Pour bien se préparer au concours il y a des prépas dans chaque école. Moi le DU m’a vraiment permis de réussir le concours. Lors du concours il faut rester dans l’optique que nous sommes toujours des IDE. Les correcteurs veulent savoir si on analyse bien les situations, si on sait anticiper les éventuelles urgences afin d’être prêt si elles surviennent. C’est les petits détails qui font la différence. 

 

Peux-tu nous parler de ton parcours après le concours ?

 

Avoir le concours d’entrée est une belle réussite mais le plus dur arrive ensuite. 

 

Beaucoup trop de candidats n’ont pas de financement. Les employeurs ne permettent pas assez aux agents de partir en formation sereinement. On parle de deux années intenses et il est compliqué de travailler à côté. Surtout que nous sommes déjà des professionnels et comme tout le monde on a un loyer à payer et des factures… 2 années sans salaire c’est impossible. 

Les dossiers de financement sont donnés de façon aléatoire et tout peut basculer du jour au lendemain alors que dans la plupart des blocs opératoires, on manque d’IADE. Pour ma part l’APHP m’avait promis un financement et 4 mois avant la rentrée j’ai reçu un courrier me notifiant un refus de financement. Il m’a fallu trouver en catastrophe un hôpital qui souhaitait m’embaucher pour me laisser partir 2 ans en formation.

 

A l’école, il faut travailler ! Pas de secret. Cette formation est riche et très intense. Au début c’est très déstabilisant. On se retrouve une nouvelle fois dans la peau d’un stagiaire. On perd notre statut de professionnel reconnu par nos paires. On apprend un nouveau métier. Car même si l’IADE est un IDE, malgré tout la prise en charge d’un patient au bloc est totalement différente. Les objectifs ne sont pas les mêmes. On doit apprendre toute l’anesthésie, les impératifs des différentes chirurgies. Notre champ d’action s’étend du nouveau-né au grand vieillard qui subissent toutes les chirurgies imaginables (traumatologies, digestives, urologiques, gynécologiques, cardiaques, thoraciques, ORL, obstétriques…) Bref les deux années sont vraiment bien remplies !

 

On n’entre pas à l’école comme cela. C’est un réel projet. Il doit être préparé. Beaucoup de personnes se séparent durant les deux années. Les parents doivent gérer les enfants. Les finances diminuent. Notre vie change littéralement durant 2 ans. On alterne les périodes de cours et les périodes de stages. Et le temps libre on le passe à réviser. Mon couple n’a pas survécu à cette formation. Il faut en être conscient.

 

Je pense qu’il faut être un IDE confirmé pour rentrer à l’école d’IADE. Il faut rester humble. 

 

On fait bien ce que l’on fait tous les jours. Et durant 2 ans toute notre expertise est remise en question. C’est pour moi le parcours du combattant mais à la fin le diplôme nous offre une qualité de travail bien meilleur que lorsque l’on est IDE. J’aime les 10 minutes de contact avec le patient. Répondre à ses questions, atténuer ses angoisses. J’aime aussi prendre le temps de m’occuper d’un patient à la fois, de faire les choses correctement. C’est vrai qu’une fois en salle d’opération on se retrouve un peu seul derrière le champ opératoire mais on retrouve facilement un travail d’équipe avec les IBODE (infirmière de bloc opératoire), les aides-soignants et bien sur les anesthésistes.

 

Des conseils pour les infirmiers qui souhaiteraient se lancer ?

 

Pour ceux qui souhaite tenter leur chance je leur dis : Accrochez-vous car ça va être dur, mais vous verrez, le jeu en vaut la chandelle !

 

Témoignage de Damien

 

Bonjour, peux-tu te présenter et présenter ton dernier post ?

 

J’ai été diplômé de l’école d’IDE en 2000.

J’ai ensuite travaillé 18 mois en réanimation chirurgicale cardio-vasculaire à l’hôpital Européen Georges Pompidou (Paris) puis 18 mois en réanimation chirurgicale polyvalente à La Pitié-Salpêtrière (Paris). 

 

Après 24 mois au SAMU 44 (Nantes), j’ai intégré l’école d’IADE de La Pitié-Salpêtrière. 

 

Entre 2007 et 2015, j’ai travaillé dans le service d’anesthésie pédiatrique (toutes spécialités y compris neurochirurgie et chirurgie cardiaque) et adulte (urologique, ophtalmologique et obstétricale) et SAMU de Paris à l’hôpital Necker-Enfants Malades. 

 

Depuis 2015, je suis en disponibilité de l’Assistance-Publique des Hôpitaux de Paris partageant mon activité entre un exercice hexagonal (adulte et pédiatrie toutes spécialités) et des missions à l’étranger (sites minier, routier et pétrolier…).

 

Actuellement, j’exerce pour la moitié de mon temps, en France, dans des établissements privés dont l’activité est essentiellement orientée vers la chirurgie cardio-vasculaire et thoracique adulte et pédiatrique. L’autre moitié est consacrée à une activité de médecine d’urgence préhospitalière héliportée dans le cadre de la mission de maintien de la paix au Mali (MINUSMA).

 

Quelles ont-été tes motivations pour passer le concours d’entrée en école d’IADE ?

 

J’avais ce projet avant d’entrer à l’IFSI du fait de mon activité de sapeur-pompier volontaire et des interventions régulières avec le SMUR au sein duquel se trouvait un IADE. 

 

Naturellement, l’élargissement des compétences théoriques et techniques constitua un moteur non négligeable. Enfin, l’exercice en SMUR, s’agissant de la région parisienne, était pour une part importante conditionnée à la possession de la spécialité.

 

 

 Quels souvenirs as-tu du concours et des études par la suite ? Comment t’y étais-tu préparé ?

 

J’ai préparé seul le concours, sans cours préparatoires tels qu’ils peuvent être proposés par certains établissements. 

Pour l’écrit, j’ai revu le programme infirmier des trois années et des annales qui concernaient la majorité des écoles d’IADE. Concernant l’oral, j’ai travaillé de nombreux cas pratiques et disposais d’un plan type afin de traiter méthodologiquement la question.

 

J’ai passé seulement un seul concours et conserve un très bon souvenir de celui-ci et des deux années de formation. 

 

Peux-tu nous parler de ton parcours après le concours ?

 

Deux années de formation naturellement à l’école des infirmiers-anesthésistes de la Pitié-Salpêtrière puis poste d’IADE au sein du département d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Necker-Enfants Malades pendant huit années où je pratiquais anesthésie pédiatrique et SMUR. 

Parallèlement à cette activité hospitalière, j’exerçais en vacations dans des établissements privés. Des activités extra-hospitalières (médicalisation d’événements sportifs et musicaux notamment, réserve en ambulance de réanimation au sein de la BSPP…) parachevaient mon exercice professionnel. 

 

Depuis 2015 et ma disponibilité, j’exerce dans trois établissements privés essentiellement, à orientation cardiaque, et au Mali en soutien sanitaire héliporté pour les différentes armées.

 

Des conseils pour les infirmiers qui souhaiteraient se lancer ?

 

Je n’ai aucune légitimité à prodiguer des conseils. Néanmoins, il semblerait que le travail et l’opiniâtreté soient manifestement récompensés.

 

 

 

 

 

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