Voici le témoignage de Mathilde, infirmière au Canada pendant 1 an et demi.
Si les reconversions possibles après infirmière ne te conviennent pas et que tu as envie d’aventure, voici une expérience unique qui pourrait te faire re-tomber amoureux(se) de ton métier d’IDE.
Mathilde nous partage ici sa belle expérience en tant qu’infirmière au Canada, à Montréal.
Même si la distance avec les proches, le froid et le manque de lumière peuvent paraitre un frein, Mathilde nous dévoile également les avantages comme les équipes positives, la présence de plus d’hommes dans les services, la gentillesse des québécois ou encore les salaires qui tombent tous les 15 jours…
Parcours professionnel
Peux-tu nous parler de ton parcours en tant qu’IDE ?
« Je suis IDE depuis juillet 2016. J’ai commencé par un poste en CDD dès l’obtention de mon diplôme, sur une durée de 1 an (donc de juillet 2016 à juillet 2017) en service de néphrologie oncologie, avec déjà en tête l’envie de partir travailler à Montréal avec mon conjoint.
Avant d’immigrer au Québec, pour moi, avoir une année d’expérience en France était primordiale. Je voulais être comme on dit « bien dans mes baskets ». ☺
J’ai commencé les démarches en mars 2017 car je savais que cela prendrait du temps ! Une collègue de la même école d’infirmière que moi était déjà sur place et a pu m’aider. Nous sommes partis en octobre 2017. J’ai commencé à travailler dans un premier hôpital de novembre 2017 à mai 2018 en service de médecine néphrologie. Puis, j’ai travaillé dans un deuxième hôpital de juin à novembre 2018 en service de médecine interne.«
Pourquoi Montréal ?
Peux-tu nous parler de ton immigration au Canada et surtout à Montréal ?
« J’ai choisi Montréal car, tout d’abord, c’est une ville francophone. Je ne parle pas du tout l’anglais (honte à moi), et, étant à cette époque, diplômée seulement depuis un an, je n’avais pas envie de m’ajouter une difficulté. De plus, j’avais déjà eu l’occasion de me rendre à Montréal pour voir mon conjoint qui était sur place pour ses études (et qui a vécu une très belle expérience aux côtés des Québécois).
C’était un très beau voyage que nous avons voulu revivre à deux. »
Reconnaissance du diplôme
Le diplôme d’IDE est-il reconnu au Québec ?
« Le diplôme d’IDE est reconnu au Québec. Il faut faire un stage d’équivalence avant de pouvoir exercer (un stage que je trouve vraiment nécessaire car l’organisation est très différente).
C’est un stage de 75 jours travaillés (donc environ 4 mois si tu travailles à « temps complet » c’est à dire à temps plein) en service de médecine ou de chirurgie. Un stage certes long mais rémunéré, donc c’est vraiment cool. ☺
C’est pourquoi, avant de vouloir travailler au Québec, il est préférable d’avoir une bonne expérience dans un service actif type médecine ou chirurgie car ce sont dans ces services que le stage se déroulera. Il est vrai que si tu es IDE libérale, infirmière à domicile ou en EHPAD, tes chances d’être embauchée sont plus minimes.
Pour être IDE au Canada (donc en dehors du Québec) je ne connais pas les démarches car nous n’avions pas l’envie d’aller ailleurs qu’à Montréal.«
Quelles sont les démarches ?
Quelles sont les démarches pour devenir infirmière au Canada et plus précisément pour aller travailler au Québec, comment se passe le recrutement ?
« En ce qui concerne les démarches pour aller travailler au Québec, il y en a une multitude.
Avant tout, il faut un permis de travail. Il en existe plusieurs en fonction de la situation dans laquelle on se trouve et également en fonction de l’âge.
Pour ma part, j’ai obtenu un permis de travail grâce à mon conjoint. Il a obtenu un travail dans une entreprise Montréalaise depuis la France (grâce aux journées Québec organisées deux fois / an : c’est un forum organisé en France avec des employeurs Québécois qui viennent sur place pour recruter des Français).
Cette entreprise a payé un permis de travail « fermé » à mon conjoint (fermé, c’est à dire qu’il ne pouvait travailler seulement que pour cet employeur). Ce qui m’a donné l’opportunité de bénéficier d’un permis de travail « ouvert » (ouvert, c’est à dire que je pouvais travailler dans tous domaines confondu) du fait que nous étions « conjoint de fait ».
Pour le Québec, être « conjoint de fait » veut dire habiter avec son conjoint depuis plus d’un an sous le même toit (le PACS n’est pas reconnu au Québec donc il faut avoir des factures et justificatif de domicile à l’appuis). Cela équivaut au mariage pour les démarches. Entre temps, (pendant que mon conjoint essayait d’avoir ce fameux permis), j’ai commencé les démarches pour pouvoir exercer en tant qu’IDE au Québec.
Il faut :
⁃ Être inscrit à l’Ordre Infirmier Français (30 euros / an)
⁃ Envoyer une demande d’inscription à l’Ordre des Infirmiers et Infirmières du Québec (l’OIIQ) : l’OIIQ envoie par la suite de la demande d’inscription, un email avec toutes les explications pour s’inscrire (tout est très bien détaillé), tous les formulaires à remplir soi-même et aussi des attestations à faire remplir (voir explications par la suite).
Il faut donc dans un premier temps :
- Compléter le formulaire « l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) en vertu de l’arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) des qualifications professionnelles dans le cadre de l’entente France-Québec »
- il faut renseigner ses études
- Une copie certifiée conforme du certificat de naissance
- Une copie certifiée conforme du certificat de mariage (s’il y a mariage)
- Un CV
- Compléter le formulaire « Paiement des frais de traitement du dossier » accompagné du paiement requis. Les frais de traitement du dossier sont en réalité la cotisation pour être inscrit à l’OIIQ (environ 700 dollar canadien soit environ 450 euros). C’est le prix que les Québécois paient chaque année pour être inscrit à l’ordre, donc nous sommes chanceux de payer seulement 30 euros/an.
=> Tous ces documents sont à envoyer dans une seule enveloppe, par voie postale, à une adresse précise.
Il faut surtout que le dossier soit complet sinon les démarches prennent encore plus de temps ! Les frais de traitement du dossier ne sont pas remboursables.
Puis dans un second temps,
Il faut faire remplir 3 attestations (ce qui est le plus stressant car tout dépend de la rapidité de chaque intervenant) :
⁃ l’Attestation d’obtention d’un diplôme en soins infirmiers : faire parvenir le formulaire « Attestation d’obtention d’un diplôme en soins infirmiers » à l’établissement d’enseignement où vous avez obtenu votre diplôme. L’établissement d’enseignement doit retourner le formulaire ainsi que les documents demandés directement à l’OIIQ, dans une enveloppe cachetée portant le nom officiel de l’établissement.
⁃ l’Attestation d’enregistrement : faire parvenir le formulaire « Attestation d’enregistrement » à l’Ordre national des infirmiers de France (ONI). L’organisme doit retourner le formulaire directement à l’OIIQ dans une enveloppe cachetée portant le nom officiel de l’organisme.
⁃ et l’Attestation d’expérience professionnelle : faire parvenir le formulaire « Attestation d’expérience professionnelle » à chacun de vos employeurs des quatre dernières années. L’employeur doit retourner ce formulaire directement à l’OIIQ, dans une enveloppe cachetée portant le nom officiel de l’employeur. À noter que si vous avez pratiqué à titre d’infirmière libérale au cours des quatre dernières années, il faut fournir une copie certifiée conforme par la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de vos relevés d’honoraires pour chacune des années travaillées au cours des quatre dernières.
J’ai également fait une visite médicale avant de pouvoir partir, avec un médecin agrée. J’ai fait un examen urinaire, une prise de sang avec sérologie hépatites A/B/VIH/syphilis, une radio pulmonaire ainsi qu’un examen médical complet avec un médecin qui m’avait posé un milliard de questions ☺
J’avais envoyé mon dossier le 1er avril 2017 et, le 21 avril 2017 j’avais une confirmation d’ouverture de mon dossier.
Entre temps, les attestations envoyées par mon IFSI et mon employeur n’étaient pas conformes donc il a fallu les faire remplir et les envoyer de nouveau.
Le 5 juillet 2017 mon dossier répondait enfin à tous les critères d’admissibilité. J’ai donc reçu ma lettre « d’admissibilité au permis restrictif temporaire » qui permet d’accéder au stage de 75 jours travaillés.
Ensuite, j’ai fait mon stage (j’ai mis seulement quelques jours à trouver du travail. Il s’est écoulé un mois entre le jour où nous sommes arrivés et le 1er jour de mon stage) et une fois le stage fait et réussi, le permis définitif qui donne le droit de travailler au Québec est attribué. A partir de ce moment-là, tout le processus est terminé !
J’ai reçu ce permis le 24 avril 2018 donc environ un an après avoir débuté toutes les démarches.
Voila une façon d’immigrer au Québec en tant qu’IDE, parmi tant d’autres.
Il existe d’autres parcours comme :
- le PVT ou permis vacances-travail
- la résidence permanente (RP)
- le permis jeune professionnel (PJP) »
Infirmière au Canada ? Au Québec ? A Montréal ?
Infirmière au Canada ? Québec ? Montréal ? Où aller exactement selon toi ?
« Par rapport à la province ou la ville à choisir, c’est vraiment un choix personnel. Comme dis plus haut, j’ai choisi Montréal car c’est une ville francophone et parce que j’avais déjà le retour d’expérience de mon conjoint. Lors de nos démarches, nous avions participé au forum des « journées Québec » à Paris mais nous avions également participé à un autre forum qui s’appelait « destination Canada ».
Ce forum est destiné aux personnes qui veulent immigrer partout au Canada sauf au Québec (la province du Québec est vraiment à part concernant les démarches).
A savoir que, si on voulait aller dans une région du Canada autre que le Québec, les démarches étaient beaucoup plus simplifiées et beaucoup plus rapides. En 3 mois nous pouvions être sur place. La demande d’infirmières dans les provinces plus au nord est énorme ! «
Infirmière au Québec : Combien de temps ?
Combien de temps conseilles-tu de rester au Québec ?
« Pareil, c’est vraiment personnel et en fonction de la personne. Moi je suis restée d’octobre 2017 à Janvier 2019 car l’éloignement avec ma famille et mes amis était difficile à gérer. Mais je connais des personnes qui y sont encore et qui compte rester. Cela dépend vraiment de son expérience et de ses projets de vie.
Finalement, je me suis rendue compte que je préférais vivre en France (on est quand même bien dans notre pays !!) »
Avantages de la vie quotidienne
Quels sont les avantages selon toi de ta vie (qualité de vie) au Canada ?
« Quand nous sommes arrivés sur place, tout se faisait plus simplement, contrairement à la France.
On a ouvert un compte bancaire, deux abonnements de transport, deux lignes téléphoniques (et surement d’autres démarches que j’ai oubliées) et trouvé un appartement en 2 jours. Tellement plus simple pour trouver un logement ! Les propriétaires nous ont seulement demandé de signer le bail et c’est tout. Vraiment, en ce qui concerne l’administratif tout est plus simple et c’est vraiment un avantage je trouve.
La gentillesse des québécois … ce n’est pas un mythe vraiment ☺
C’est très agréable de travailler au quotidien avec des personnes qui ne se plaignent jamais. Ils sont très serviables et très ouverts.
Les revenus sont souvent plus élevés (c’était le cas également pour mon conjoint) et les québécois sont moins imposés.
Pouvoir voyager facilement !
La ville de Montréal organise beaucoup de festivals et c’est vraiment cool ☺ »
Avantages professionnels
Quels sont les avantages selon toi d’exercer en tant qu’infirmière au Canada ?
« Le salaire, l’ouverture d’esprit, l’expérience professionnelle, la capacité d’adaptation. Un autre « avantage » que je peux relever également est qu’il y a plus d’hommes que dans nos équipes !
Il m’est arrivée de travailler avec des équipes seulement composées d’hommes. L’ambiance est vraiment différente et ça change ! ☺«
Les différences avec la France
Quelles sont les différences niveau professionnel avec IDE en France ?
« Il y a tout de même beaucoup de différences par rapport à la France et c’est pour cela que je dis et redis que le stage de 75 jours est nécessaire, enfin pour ma part c’était le cas. Tout d’abord, il existe trois types d’infirmiers : l’infirmier auxiliaire, l’infirmier technicien et l’infirmier clinicien.
L’infirmier auxiliaire
Il fait 18 mois d’études collégiales (d’après mes souvenirs). Ses actes techniques sont restreint et il ne peut travailler seul. Il sera systématiquement en binôme avec un infirmier technicien ou clinicien. Sous la responsabilité de l’infirmier, l’infirmier auxiliaire n’a « pas le droit » de s’occuper des VVC, Piccline, ni de reconstituer des perfusions. Par exemple, il peut brancher 1 litre de Nacl 0,9% sur une VVP mais il ne pourra pas préparer et d’administrer un antibiotique IV. De plus, il n’aura pas le droit de relever les prescriptions médicales, ça sera au rôle de l’infirmier. Enfin, il ne peut faire « d’évaluation clinique ».
L’infirmier clinicien
Il fait 5 ans d’études (il va à l’université). C’est l’équivalent de l’infirmier en France. Il peut donner des formations.
L’infirmier technicien
Il fait 3 ans d’études collégiales. Il y a certains modules (comme la psychiatrie, il me semble, qu’il n’étudie pas en cours). Son salaire est moins élevé que celui de l’infirmier clinicien. Sinon il n’y a pas tellement de différence avec l’infirmier clinicien.
De plus, l’organisation au sein des services n’est pas la même. Les relèves entre les équipes sont différentes, avec les médecins également. J’ai travaillé dans 2 hôpitaux différents, et ces 2 hôpitaux étaient encore en format papier. Les protocoles diffèrent beaucoup. Encore une fois, c’est selon mon expérience.
Pour avoir vu des étudiants en stage pendant mes heures de travail, j’ai vraiment pu voir qu’ils n’avaient pas du tout la même formation que nous, et c’était très intéressant à comparer.
Les horaires de travail sont également différents. On travaille soit en journée (8h-16h), soit en soir (16h-00h) soit en nuit (00h-8h). J’ai pu tester tous les « quarts de travail » comme ils disent. A savoir que les quarts de travail sont attribués en fonction de l’ancienneté.
Je pense que je pourrais passer des heures à expliquer toutes les différences par rapport à la France, parce qu’il en existe beaucoup ☺«
Inconvénients
Quels sont les inconvénients selon toi de la vie au Québec ?
« Pour moi, l’inconvénient le plus important était l’éloignement avec mes proches.
Sinon, je dirais le froid avec l’hiver qui continue jusqu’au mois d’avril (inclus). Le peu de jour de vacances dans l’année (2 ou 3 semaines / an en fonction des établissements).
C’est pareil pour toutes les professions. Ils sont habitués à prendre des congés sans soldes. »
Évolutions possibles au Canada
Infirmière au Canada : Quelles sont les évolutions professionnelles possibles ?
« En terme d’évolution je dirais qu’il est possible par la suite de devenir « infirmière en chef », ce qui est l’équivalent du Cadre de santé chez nous.
Ensuite il est possible d’être formateur. Quand j’ai commencé mon stage de 75 jours, ma première semaine était une semaine uniquement de cours théoriques donnés par une infirmière française.
Il y a surement d’autres évolutions, mais je ne les connais pas. »
Salaire
Quel est le salaire d’un IDE au Québec ?
« Alors il faut savoir qu’au Québec, on reçoit son salaire toutes les deux semaines. Peut-être un des avantages du Québec aussi ! ☺
Lorsque je travaillais dans le 1er hôpital (de novembre 2017 à mai 2018), je travaillais à « temps complet » et je gagnais 1450 dollars canadien toutes les 2 semaines. L’avantage du stage c’est que nous travaillons en journée.
Lorsque je travaillais dans le 2ème hôpital (de juin à novembre 2018), je travaillais en 8/15, c’est à dire à 80% et je gagnais quasiment le même salaire (parce que j’étais soit en soir soit en nuit).«
Merci à toi Mathilde pour ce beau partage.
Si tu souhaites devenir infirmière au Canada ou au Québec et que tu te poses encore des questions, tu peux retrouver Mathilde sur son compte Instagram @mathsilvant.
Si tu as envie de voir d’autres destinations ou de faire un tour du monde, nous avons des témoignages d’infirmière qui ont la bougeotte et qui pourraient également t’inspirer :
Merci pour le témoignage je suis encore étudiante en 2 eme année et j’ai 56 ans mon projet c’était évoluer et partir travailler entouré de gentillesse c’est possible vu mon âge ? car effectuer le stage de 3 ème année au Canada m’a était refusé donc plus déterminer a y arriver et changer les mentalités. Juste besoin d’aide et de conseil et enfin un grand soutien moral
Bonjour et merci pour ce témoignage !
Je suis infirmière libérale actuellement et j’aimerai savoir si je peux continuer au Canada !!? C’est le même fonctionnement qu’en France !? Quelle est la place des IDE à domicile en général?
Merci ☺
Bonjour, je suis dans le même cas mais visiblement ça a l’air plus compliqué pour celles qui sont en libéral que celles en service … Je n’ai pas trouvé d’infos sur l’exercice en libéral là-bas je ne suis pas sure que ça fonctionne comme ici.
Merci beaucoup ce beau témoignage. Ma question est celle-ci : si je désire aujourd’hui aller au Canada, es-ce que tu as des relations qui peut m’aider ou toi même peut m’aider à aller ? Quel sont les site sur lequel je peux avoir des informations idéal pour postuler aux du Canada ? Puisqu’il y’a aujourd’hui beaucoup de publication au point où on ne sait pas laquelle choisir…
Maintenant après ton retour pour la France, tu as trouvé un autre post où tu exerce actuellement ?
Merci pour l’attention accordé à mon égard
Merci pour ton témoignages. J’ai été diplômée en Juillet 2021 et j’aspire sincèrement à travailler à montréal dans 1 an ou 2 ans maximum (dès que je me sentirai à l’aise en service actuellement surtout). Penses-tu que les démarches pour prétendre à travailler là-bas ont pu changer entre temps ? Il n’y a pas de test d’aptitude en langue comme j’ai pu le lire ? Je vois beaucoup d’informations sur internet, je ne sais pas tellement quoi prendre pour acquis du coup. Serait-il possible d’avoir un conseiller pour nous aider dans cette démarche a-t-on avis ? Ou connais-tu un site fiable ?
Merci pour ta réponse