Master infirmier : Éthique de la santé publique
L’éthique est une réflexion menée sur la façon de bien agir en tenant compte d’un certain nombres de contraintes.
C’est une remise en question des situations et un processus en évolution constante.
Les questions d’éthique en santé, de bioéthique, portant par exemple sur la procréation médicalement assistée ou sur la fin de vie, nous sont bien connues.
Mais ces questions peuvent également se poser à l’échelle d’une population, on parle alors d’éthique en santé publique, discipline qui émerge de plus en plus.
“[…] L’éthique de la santé publique s’intéresse à la conception et à la mise en œuvre de mesures pour contrôler et améliorer la santé des populations…
Dans une perspective mondiale, les principales questions dans le domaine de l’éthique de la santé publique sont les suivantes :
- Inégalités de santé, accès aux soins de santé et aux bénéfices de la recherche médicale
- Action face à la menace des maladies infectieuses
- Coopération internationale pour le contrôle et la surveillance de la santé
- Exploitation des individus dans les pays à faible revenu
- Participation, transparence et responsabilisation”
(source Contribution de l’éthique à la santé publique, bulletin de l’OMS)
Souhaiter se former à ces questions d’éthique de la santé publique, c’est s’interroger sur la place des individus vis à vis des décisions des experts. C’est aussi porter un regard critique face à des situations sanitaires particulières.
L’éthique de la santé publique est une prise de hauteur, un recul sur les pratiques et les situations, un autre angle de vue.
Cela permet aux organisations d’évoluer en respectant les valeurs de bienfaisance, non-malfaisance, autonomie et justice sociale.
Deux formations pour explorer et se former à l’éthique de la santé publique
Un professionnel de santé formé à l’éthique en santé publique va pouvoir s’engager pour favoriser la santé de la population. Il pourra donner son avis voire même des recommandations pour améliorer des situations, des pratiques professionnelles.
Il existe plusieurs possibilités pour se former en tant qu’IDE.
Dans cet article, nous allons en explorer deux : les masters éthique des soins et de la santé publique ainsi que le certificat d’université bioéthique et santé publique.
Master infirmier : éthique de la santé publique
Les masters sont des diplômes nationaux accessibles après la licence. Ils sont composés de 4 semestres soit 2 années d’étude.
Le but de ces cursus est de former des professionnels à mener une réflexion éthique et des actions dans des situations de soins ou de santé publique.
L’enseignement du master en éthique des soins, santé publique et nouvelles technologies est dispensé par l’université de Lorraine. Il existe une formule en visioconférence et beaucoup de facultés développent de tel programme.
Tu trouveras par exemple à l’université de Caen-Normandie, le master en santé publique parcours éthique et santé, l’université de Paris-Saclay propose un parcours avec un M1 d’éthique et un M2 éthique, soin, santé et société.
L’idée maitresse de ces deux années d’étude, quelque soit le master choisi, est d’apprendre à éveiller son esprit critique, à mener des analyses et des recherches. Il s’agit également de savoir interpréter des résultats et proposer des recommandations d’amélioration. Les institutions, suite à la crise sanitaire que nous traversons, feront de plus en plus appel à des professionnels formés dans ces domaines.
Par ailleurs, si tu souhaites avoir une idée de tous les masters accessibles avec ton diplôme d’IDE, tu peux lire l’article dédié à ce sujet : Quelle est la liste des masters accessibles après infirmier ?
Le certificat d’université bioéthique et santé publique
Le certificat éthique et santé publique a été mis en place par l’École des Hautes Études en Santé Publique ou EHESP. Cette structure est une école française qui dispense un enseignement dans différentes villes.
L’EHESP s’est associée avec l’école de santé publique de l’université de Montréal au Canada pour créer cette formation. Elle dure 120 heures sur une période de 4 mois.
Les domaines abordés explorent des sujets comme la particularité de l’approche éthique en santé publique, les enjeux et l’analyse éthique en santé publique, les différents courants, la prévention etc.
Le contenu se rapproche beaucoup des masters dont je t’ai parlé plus haut.
Tu trouveras toutes les informations concernant le certificat d’université bioéthique et santé publique sur le site internet de l’EHESP.
Quelles sont les possibilités de carrière pour les IDE diplômés en éthique de la santé publique ?
Les qualifications obtenues suite à ces formations permettent aux IDE d’être au service de nombreuses causes et institutions :
+ groupes de réflexions éthiques ou d’instance dans les établissements de santé
+ établissements sociaux et médico-sociaux
+ institutions territoriales, nationales, et Internationales
+ organismes de recherche
+ industrie et les métiers de l’ingénieur en rapport avec la santé
+ commissions de relations avec les usagers
+ direction qualité des établissements de santé etc.
Ils pourront également être en charge de l’amélioration des pratiques professionnelles des professionnels de santé, administrateurs d’établissements de santé, établissements sanitaires et sociaux, EHPAD, …
Témoignage de Pascal, infirmier bioéthicien
Raconte-nous ton parcours en toute transparence
“Infirmier diplômé en 1994, mon début de carrière fut orienté vers la technicité, les soins d’urgences et l’anesthésie. Je gardais en ligne de mire une volonté d’efficience et d’actions concrètes rapidement évaluables.
Il existait cependant une conscience davantage macroscopique d’être un acteur de soin au sein d’un système de soin plus global que représente la santé publique.
Désireux de comprendre et maitriser les rouages de notre système de santé, je me suis naturellement tourné vers la licence en sciences sanitaires et sociales.
C’est ensuite la dimension du conseil en santé, d’éducation à la santé et de promotion de la santé qui s’est manifestée sur mon parcours par les compétences propres de l’infirmier de l’éducation nationale que j’ai exercé pendant plusieurs années.
Je suis actuellement en disponibilité. J’ai choisi de prendre du temps pour moi pour me consacrer à ce virage personnel et professionnel qui s’imposait à moi, dont la bioéthique en santé publique faisait partie.”
Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?
“Les questionnements éthiques vont émerger naturellement au fil des années. Elles vont dépasser le stade de l’éthique clinique pour se centrer sur les impacts et enjeux suscités par les actions de santé publique.
La crise sanitaire en cours a contribué grandement à une émergence de questionnements éthiques dans l’espace public ainsi qu’à la mise en lumière et l’expansion de cette discipline relativement récente (année 2000) que représente l’éthique en santé publique.”
Comment s’est passée ta formation en éthique de la santé publique ?
“Le besoin d’approfondir et de maitriser les connaissances propres à l’éthique en santé publique s’est donc fait sentir fortement.
Le « certificat d’université bioéthique et santé publique » (pré-requis bac+3) fait partie des rares offres de formations universitaires actuellement disponibles permettant d’intégrer les connaissances et principes fondamentaux de lecture et de critiques des actions de santé publique.
Conçu en partenariat avec les universités de Montréal et Nantes, ce cours de niveau Maitrise permet à l’étudiant de bénéficier d’un savoir éthique. Il acquière aussi une expertise et des méthodes lui permettant de se positionner en qualité de référent ou consultant en éthique de la santé publique.
Il est aussi en mesure de rédiger des articles à visé éthique portant sur les actions de promotion de la santé, de prévention et les actions de santé publique en général.
Le contenu de cette formation a pleinement répondu à mes attentes.”
En quoi consiste ton activité aujourd’hui ?
“Au delà d’une analyse fondée sur les principes Nord-Américains (justice, bienfaisance, non malfaisance, autonomie), l’infirmier dispose de cadres de références théoriques en santé publique.
Ces cadres lui permettent de construire son analyse, d’extraire les valeurs phares sous-tendant les actions de santé publique, de discerner les enjeux éthiques présents. Il peut ainsi formuler un positionnement personnel.
Utilitarisme, conséquentialisme, paternalisme, casuistique, éthique du care, déontologie, principisme, éthique de la vertu, morale, fondements philosophiques… sont autant de savoirs experts à disposition de l’infirmier bioéthicien.
Il pourra ainsi développer et faire valoir une compétence nouvelle. Cette compétence va contribuer à valoriser la profession et lui offrir aussi des perspectives innovantes en termes de reconversion ou de spécialité.
Aujourd’hui, j’exerce à temps partiel dans une piscine (sauveteur). J’ai donc le temps pour renforcer mes connaissances et compétences. Je lis beaucoup sur le sujet car cette approche macroscopique de la bioéthique me passionne.
J’interviens ponctuellement dans la formation universitaire du certificat éthique et santé publique de Montréal. Cette formation est très bien construite.
Elle peut se faire entièrement en visioconférence. Je la conseille vivement à tous ceux qui se sentent attirés par cette discipline.
Je suis ouvert sur des projets ou fonctions qui pourraient me convenir en lien avec la bioéthique mais sans pression…
Le Canada est en avance considérablement sur le sujet en termes d’emploi de bioéthicien.
Je pense que les infirmiers ont en France un rôle moteur pour initier des changements profonds du système de santé et susciter de nouvelles fonctions et vocations. »
Quels sont tes projets, tes rêves ?
« De nouveaux métiers et fonctions de la santé vont émerger dans les années qui viennent. J’aspire à ouvrir la voie et donner l’impulsion à ceux qui se sentent attirer vers la bioéthique en santé publique. Cette discipline est très stimulante et en plein essor.
J’ai aussi créé une page Facebook « éthique et santé publique ». Son but est de diffuser des articles et diffuser la connaissance sur le sujet.”
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans une reconversion mais n’a pas encore osé franchir le pas ?
« Je me suis consacré aussi à ma passion pour le sport et en particulier l’apnée. J’ai eu la chance de pouvoir réaliser plusieurs records mondiaux.
J’ai ressenti le besoin de me réaliser à travers mes centres d’intérêt personnels. C’est le conseil que je donnerais aux collègues qui ressentent une lassitude et frustration profonde dans leurs postes : ne pas hésiter à s’écouter, à laisser la place aux aspirations profondes et faire confiance…
Franchir le pas de quitter son poste est le plus dur. Ensuite les choses se mettent en place.
Je n’ai pas ressenti de difficultés à concilier vie personnelle, familiale ou financière avec ce virage.
Avoir la foi peut créer des opportunités insoupçonnées ! »
Ce format te plait et t’inspire ? Tu peux retrouver l’article sur la reconversion de Nadège, devenue éco-infirmière.
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