Reconversion après aide-soignante : le témoignage de Sandrine devenue assistante de direction
Quelles sont les reconversion possibles après aide-soignante ? Que faire lorsque les soins nous épuisent ou que l’on a envie d’autre chose ?
Autre chose mais quoi ?!
Je m’appelle Charlotte et je suis infirmière reconvertie dans l’accompagnement d’IDE et d’AS en reconversion professionnelle. Oui, car nos problématiques, nos souffrances sont assez proches…
J’ai eu la chance de pouvoir échanger avec Sandrine, ancienne aide-soignante devenue assistante de direction et qui a bien voulu nous partager son parcours de reconversion.
Quel est ton parcours professionnel ?
« Je m’appelle Sandrine, j’ai 41ans, je vis en couple et j’ai un petit garçon de 5ans.
J’habite à Paris mais je viens de Province (je suis née au Mans et je suis arrivée sur la région parisienne à 16ans).
J’ai toujours voulu être infirmière et ça depuis toute petite. Tout au long de ma scolarité, en début d’année quand on nous demande « quel métier voulez-vous faire plus tard ? », j’ai toujours écrit la même chose : je voulais être IDE de bloc opératoire.
Vu qu’il fallait n’importe quel bac, j’ai suivi un parcours de scolarité classique et passer un bac STT. J’ai passé plusieurs concours et je suis entrée à l’IFSI de Levallois Perret en 2000.
J’ai validé la 1ère année, tout me plaisait, admissible en 2ème mais des soucis familiaux m’ont poussé à quitter mon domicile. J’avais donc obtenu le diplôme d’aide-soignante en équivalence. Pour moi, c’était un échec et le rêve de toute une vie qui partait en fumée…Je me disais que je reprendrai mes études plus tard et qu’il était hors de question de travailler comme AS.
J’avais 22 ans à l’époque, pas d’attache particulière donc je me suis inscrite dans une boite de placement de « nannies » pour garder des enfants et voyager. J’ai été placée dans une famille pour m’occuper de 2 enfants. Au bout de quelques semaines, le père des enfants me fait une proposition de travail différente : venir en renfort de sa chef comptable car il était PDG d’un gros groupe parisien. Je n’ai aucune expérience dans ce domaine mais j’ai envie d’apprendre alors j’accepte. Je fais donc office d’aide-comptable et j’apprends sur le tas. J’exerce cette fonction pendant 5ans et la boite coule donc l’aventure se solde par un licenciement économique.
Je me retrouve sans travail et aucune validation des acquis d’expérience dans le domaine comptable donc je ne peux pas trop postuler ailleurs.
J’ai muri, je ressors mon diplôme d’AS et je m’inscris dans une boite d’intérim spécialisée dans le paramédical pour voir quel service me plairait le plus. Première mission : un remplacement de 2 jours dans un SSIAD. Ça me plait bien, beaucoup même. Un CDI s’offre à moi, ce que j’accepte. Je suis restée dans ce SSIAD pendant 7ans et pas mal de mes collègues sont parties dans une autre structure pour monter une ESA (équipe spécialisée Alzheimer). Il leur manquait un AS donc je suis partie les rejoindre. J’ai fait la formation d’ASG pour les besoins de ce nouveau poste et je suis restée AS « classique » le matin et ASG l’après-midi pendant 10ans. »
Pourquoi as-tu choisi de devenir assistante de direction ?
« J’ai décidé de devenir assistante de direction suite à un accident du travail que j’ai eu en faisant un soin. Toilette au lit, ma patiente se retourne brusquement dans son lit et clac : entorse du pouce gauche. Mon médecin me met en arrêt pendant 5 semaines et là je me dis « non ce n’est pas possible, je ne peux pas restée chez moi sans rien faire ».
Je demande à mon IDEC et ma directrice si je peux venir travailler au bureau, ce qu’elles acceptent. Il y a toujours de la paperasse, le service administratif est toujours chargé. Je prête main forte au service de soins mais également au service prestataire des AVS.
Et là, petit déclic, je repense à mon ancien poste où j’étais aide-comptable. Le travail administratif qui me plait tant me manque…
Dans le SSIAD où je travaille, à cette époque, donc il y a 2 ans, il y a quelques soucis entre certaines collègues, des départs et des démissions s’enchainent. Il faut remplacer vite…Je parle à ma directrice de mon désir de travailler au bureau et elle accepte. Sauf que le SSIAD étant un peu « borderline » sur les postes clefs, la directrice adjointe ne veut pas embaucher des gens qui ne sont pas diplômés du domaine. C’est soit je reprends mon poste d’AS, soit je fais bouger les choses en prenant mon destin en main. J’ai 40 ans, je me dis que c’est trop tard, que je suis trop « vieille » etc…
J’ai donc commencé à faire des recherches et pour avoir déjà connu des assistantes de direction, je savais que c’était ce genre de missions que je voulais réaliser. »
Comment as-tu pu financer tes études ?
« J’ai trouvé mes recherches difficiles sur internet car même en mettant des mots clef, je n’étais jamais bien orientée. On me parlait de DIF, de CIF etc…finalement tout ça n’existe plus : tout a été regroupé en une seule et même structure : Transitions Pro.
J’ai donc pris rendez-vous là-bas et on m’a bien expliqué les démarches à entreprendre. Toute ma reconversion professionnelle a été financée par transition pro et mon salaire a été maintenu pendant toute la durée de la formation (6 mois pleins). «
Quels sont les débouchés au terme de ces études ? Est-ce facile de trouver un poste ?
« Cette formation est diplômante et le titre reconnu RNCP donc en 6 mois j’ai suivi un parcours qui m’a permis d’obtenir un niveau Bac+2 (BTS)
Il y a beaucoup d’offres d’emploi sur la région parisienne. C’est peut-être bête à dire mais partout où il y a une direction, potentiellement on a besoin d’une assistante.
Cela ouvre aussi les portes pour passer des concours administratifs.
Pour le salaire, assistante de direction débutante c’est environ 2300 € brut donc 1700 net. Après ça peut grimper selon l’entreprise et surtout si on est bilingue par exemple, ce qui n’est pas mon cas. »
Peux-tu nous parler de ton poste actuel en tant qu’assistante de direction ?
« La formation est composée de 4 mois de cours théoriques et 2 mois de stage en entreprise. À l’issue de mon stage, la fondatrice de la Start up a voulu m’embaucher mais oh surprise : la directrice de mon SSIAD également. J’ai donc accepté la proposition de ma directrice, sachant que j’allais retrouver toutes mes anciennes collègues et pour une prise de poste nouveau, je trouvais ça rassurant. Mes missions sont variées, je me retrouve « de l’autre côté de la barrière ».
C’est un poste stressant car il faut faire pleins de choses en même temps mais c’est ce qui me plait : la polyvalence. J’apprends pleins de choses, notamment les RH et la comptabilité. Les missions sont classiques (gestion des mails, assurer l’interface entre la direction et les salariés, gestion des formations, etc…) Je m’adapte aux demandes de mes collègues et de la direction, ça peut aller de la gestion d’un dégât des eaux à l’entrevue avec une salariée qui veut préparer son dossier de retraite…
Mes journées et mes missions me confortent dans mon choix de reconversion professionnelle. »
Quelles ont été tes difficultés lors de ta reprise d’études ?
« Je n’ai pas eu de grosses difficultés pour la reprise de mes études.
Si je devais quand même en trouver, je dirai que la reconversion est courte et intense (4 mois de théorie pour avoir l’équivalence d’un BTS, c’est quand même peu).
COVID oblige, la formation s’est faite via Zoom, ce qui a compliqué l’apprentissage de certains modules, notamment les outils bureautiques. J’ai quand même eu la chance de faire mes 2 mois de stage en présentiel en entreprise et ça m’a fait du bien de sortir de ma zone de confort.
Mon appréhension était de ne pas être à la hauteur à la fin de la formation car je me retrouvais « jeune » diplômée à 41 ans dans un métier certes voulu mais sans aucune expérience. »
Comment les as-tu surmontées ?
« Pour certains modules, j’ai regardé beaucoup de tuto et je n’ai pas hésité à chercher des assistantes de direction pour échanger avec elles sur leurs pratiques professionnelles. Les gens sont toujours contents de pouvoir aider de futures « collègues ». Linkedin a été une bonne source. »
Selon toi, quelles sont les façons d’évoluer en tant qu’AS ?
« Je vais commencer par le mot « malheureusement » mais c’est mon ressenti…
Malheureusement, quand on est aide-soignante, à part reprendre des études, les perspectives d’évolution sont minces…
Grâce à la formation d’ASG (assistante de soins en gérontologie), j’ai pu exercer des facettes un peu différentes des missions classiques de soins de nursing. Il faut bien le reconnaitre, quand on dit qu’on est aide-soignante, dans la tête de beaucoup de personnes (et je peux le dire sans mentir car je l’ai souvent entendu en 17 ans de métier) : «Ohlala ça doit pas être facile, Ohlala moi je pourrai pas c’est mal payé et ingrat… », « Ohlala tous ces vieux toute la journée… »
C’est dommage car derrière toutes les aides-soignantes, il y a des qualités et des compétences insoupçonnées et non exploitées. La fonction d’ASG permet de travailler différemment. C’est une formation qualifiante permettant de travailler en ESA ou en EHPAD. Elle est ouverte aux AS et AVS. Chose non négligeable : la fonction d’ASG permet d’obtenir une prime de 90€ par mois.
Si je dois être complètement honnête, j’ai beaucoup aimé pratiquer mon métier d’AS mais je suis également contente d’avoir changé de profession. Je ne gagne pas énormément plus mais j’avais l’impression d’avoir fait le tour. Je me posais aussi souvent la question : « est-ce que tu pourras encore faire ce métier physiquement dans 20 ans ? » «
Quels conseils donnerais-tu à une aide-soignante qui souhaiterait évoluer dans sa profession ?
« Si je devais donner des conseils à une aide-soignante…
∙ Pour celles qui aiment leur métier et les tâches quotidiennes, il ne faut pas hésiter à demander des formations lors de l’entretien professionnel qui a lieu tous les 2 ans (une multitude de formations sont proposées, il faut savoir demander lesquelles et ne pas hésiter à faire ses propres recherches pour demander une formation spécifique). Le budget « formation » ne pouvant pas être utilisé pour financer d’autres choses, il est dans l’intérêt de l’employeur de former ses soignants. Ne pas hésiter à se rafraichir la mémoire sur certains acquis et ses pratiques professionnelles (postures, manutention, utilisation du matériel, comment réagir face au deuil, les démences, etc…)
∙ Pour celles qui ne veulent pas changer de métier mais qui veulent élargir leur champ de compétences, il y a la formation d’ASG (assistante de soins en gérontologie). Cette formation qualifiante a été mise en place par le gouvernement 2008/2012. À l’époque, c’était un peu un test et voir comment cette fonction évoluerai et se maintiendrait ou non dans le temps. Après des démarrages difficiles, cette fonction a été maintenue et certaines AS peuvent exercer leur casquette d’ASG à temps plein (en EHPAD, en ESA…). La formation coûte environ 1500€ et ne peut pas être prise en charge par le CPF. Il faut demander à son employeur pour la financer.
∙ Pour celles qui ne veulent plus exercer car on a l’impression d’avoir fait le tour ou qu’on ne se voit pas faire ce métier jusqu’à la fin de sa vie active, il ne faut pas hésiter à aller voir un conseiller en évolution professionnel (CEP). Je conseille vivement cet entretien si on ne sait pas quel métier exercer. Il saura orienter les personnes vers les « vrais » organismes pour passer un bilan de compétence. Beaucoup de sociétés fleurissent dans ce domaine mais on ne sait pas vraiment lesquels sont reconnus officiellement.
Il ne faut pas hésiter non plus à en parler à son IDEC ou sa direction. Je n’ai pas eu besoin de le faire mais je sais qu’il est également possible de négocier une rupture conventionnelle quand on a un projet professionnel pour se reconvertir professionnellement. »
Les adresses qui ont été utiles pour moi
Mon centre de formation : https://nextformation.com/
Rencontrer un conseiller en évolution professionnel : https://mon-cep.org/
Demander des informations ou poser des questions : https://www.transitionspro-idf.fr/
- Si tu es aide-soignant ou aide-soignante et que tu cherches à te reconvertir ou évoluer professionnellement, viens rejoindre le groupe Facebook d’AS en quête d’évolution professionnelle !
- Si tu souhaites atteindre ta vie idéale, viens découvrir mon accompagnement pensé par et pour les soignants en quête d’évolution ou de reconversion professionnelle.
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